Le Labo et l’Alliance Française ont lancé le 24 avril dernier une expérience bilatérale : une exposition sur deux lieux, en extérieur, et avec deux jeunes artistes francophones. Si la seconde partie existe déjà près de La Distillerie, la seconde sera l’objet d’une performance mardi et mercredi, sur le mur du théâtre en construction de l’Alliance Française.

C’est à la fois un dialogue entre deux institutions culturelles francophones, entre deux monde artistiques, celui de la rue et celui des galeries, et entre deux artistes, Patrick Thompson et Pascal Paquette. « On se connaît depuis trois ans environ, explique Patrick Thompson. Si on a déjà travaillé ensemble? Surtout dans la rue. Pas dans un contexte légal. »

C’est en effet le quotidien de ces artistes pas tout à fait comme les autres. Leurs terrains de jeux, leur terrain de création, leur exutoire, c’est la rue. L’espace urbain et toute la liberté qu’il offre. Eux, se plient aux conditions et échappent aux policiers : « Je suis plutôt diplomate, raconte Patrick Thompson. Je leur explique ce que nous faisons, mon cahier de dessins et ils nous laissent faire. » Le jeune artiste francophone originaire d’Ottawa, et qui vit depuis quelques années à Toronto a déjà exposé au Labo, à l’été 2011. Quant à son acolyte, les habitués de la galerie Glendon ont pu apprécier son art au cours de l’automne dernier.

La commissaire de l’exposition est une commissaire indépendante, Catherine Sicot. Elle livre son analyse : « C’est un projet qui s’articule autour des limites. Des limites des espaces d’expositions, des limites des autorisations, des limites entre l’art de rue et l’art institutionnel. » 

« C’est une exposition qui a deux sites, une sur Parlement et l’autre ici, ce lien entre ces deux endroits crée une énergie intéressante, raconte Patrick Thompson. Avec Pascal Paquette, nous avons collaboré sans plans, simplement en nous adaptant à l’architecture. »

La semaine prochaine, les deux artistes n’auront pas le droit de peindre sur le chantier, faute d’autorisation. Ils collaboreront donc avec deux ouvriers pour leur donner les indications. « Mais ces ouvriers ne seront pas que des outils. Il sera intéressant d’explorer leur créativité, eux qui ne se considèrent pas comme des artistes. Entre mon indication et son geste, il se passe un processus créatif incroyable. » Entre galeries et espaces publics, entre ville et intérieurs, entre institutions et trublions, cette expérience duale donne à réfléchir sur la place de l’art dans la cité.

Photo : Catherine Sicot