Jean-François Gérard
Après la partie sud de Rosedale fin avril, la Société d’histoire de Toronto (SHT) avait donné rendez-vous le samedi 11 mai, dans la partie la plus à l’est, pour la suite de la visite. Ce quartier historique et résidentiel de Toronto se distingue par ses impressionnantes résidences, aux styles architecturaux de différentes époques.
Au cours de la deuxième moitié du XVIIIe siècle, John Simcoe, premier lieutenant-gouverneur britannique du Haut-Canada et fondateur de Toronto, « a donné des terrains à des amis loyalistes », explique Rolande Smith, la guide du jour, avec Brigitte LaFlair. Les loyalistes à la Couronne fuyaient alors les États-Unis en pleine guerre d’indépendance avec la colonie anglaise.
Parmi les différences notables avec la visite du 21 avril, « les feuilles ont poussé, on voit un peu moins les façades », note Mme Smith. Les arbres sont, en revanche, déjà un peu moins fleuris, à l’exception des magnolias jaunes. Les devantures de nombreuses villas sont décorées de tulipes.
Avant de décrire les maisons, Rolande Smith attire l’attention sur deux éléments du quartier : les rues en courbes pour ralentir la vitesse des chevaux puis des automobiles, mais aussi « d’avoir un trottoir sur un seul côté ». Ce qui n’est pas toujours pratique en tant que piéton.
À l’origine, les premières maisons étaient en bois mais, avec les époques, elles ont été remplacées par des villas souvent en briques ou parfois en pierres. Aujourd’hui, ces très grandes bâtisses sont parfois subdivisées en plusieurs habitations. Celles en briques rouges ont été approvisionnées par l’ancienne briqueterie à Evergreen Brick Works, en contrebas. Elles étaient fabriquées une par une, contrairement aux briques jaunes, « fabriquées d’un bloc puis découpées », explique Rolande Smith.
Les différentes demeures devant lesquelles le groupe s’arrête étaient la propriété d’un distillateur, de promoteurs, de l’inventeur des sachets de thé ou de celui de la marque de boissons Canada Dry. La visite passe aussi par le petit parc Craigleigh. Un terrain anciennement bâti, mais dont le propriétaire a décidé « qu’à sa mort, sa maison serait détruite pour donner un parc à la ville ».
Cet endroit étant au bord d’une ravine, c’est l’occasion d’expliquer une de leurs fonctions historiques : « Les agriculteurs des fermes au bord de la rivière les empruntaient pour monter en ville vendre leur lait ». Au contraire, les habitants des maisons cossues n’utilisaient guère ces chemins forestiers pentus.
La fin de la visite se termine sous quelques gouttes. Mais pas de quoi doucher l’enthousiasme de la trentaine de participants, qui restent jusqu’au bout. Les anecdotes de fin de parcours évoquent aussi quelques histoires plus sordides, de meurtres ou de corps retrouvés. La prochaine visite est prévue le dimanche 2 juin dans le quartier du Collège universitaire Glendon (Bayview et Lawrence).
Photo : la guide Rolande Smith explique que John Simcoe a donné des terrains à des amis loyalistes.