Christiane Beaupré
L’inauguration officielle de l’École secondaire Michelle-O’Bonsawin, dans le quartier Greenwood dans l’est de Toronto, a eu lieu le vendredi 17 mai. Environ 200 personnes – comprenant des dignitaires, la direction de l’école, le personnel enseignant, d’autres employés de Viamonde et des élèves – se sont rassemblées dans l’auditorium de la nouvelle école pour la cérémonie animée par la directrice adjointe Geneviève Lip. L’école, qui accueille 165 élèves de 7e, 8e et 9e années à l’heure actuelle, pourra en accueillir environ 500 de la 7e à la 12e année lorsqu’elle sera à capacité.
Pour cette occasion spéciale, la juge de la Cour suprême du Canada et première femme autochtone à accéder à ce poste, Michelle O’Bonsawin, a honoré de sa présence la cérémonie de même que Gary Sault, aîné Ojybwé; Peter Tabuns, député de Toronto-Danforth; Paula Fletcher, conseillère municipale; Geneviève Oger, présidente du Conseil scolaire Viamonde, et sa conseillère pour la région de Toronto, Anna Karyna Ruszkowski; Chantal Agbahungbal et Stéphane Paris, coprésidents du Conseil d’école, et Michel Laverdière, directeur de l’Éducation. Tous étaient réunis sur la scène de la quatrième école secondaire Viamonde dans la Ville reine.
Dans la salle, les élèves, des parents, des membres du personnel, des partenaires et des amis de la communauté scolaire ont chaleureusement applaudi leurs messages de félicitations et les compliments liés à l’établissement. En voici quelques-uns : Geneviève Oger a souligné dans son discours que l’inauguration de l’École secondaire Michelle-O’Bonsawin concrétisait « un projet historique ». L’école représente bien plus qu’un bâtiment, dit-elle, c’est un lieu d’apprentissage, d’amitié et de croissance personnelle pour les élèves.
La conseillère Ruszkowski a rappelé que la réalisation de cette école avait nécessité plus de 15 ans de travail, soulignant l’investissement de près de 39 millions $ qui permettra aux élèves de construire un avenir à la hauteur de leurs rêves.
Le ministre de l’Éducation, Stephen Lecce, n’a pu assister à l’événement en raison d’un conflit d’horaire, mais son message de félicitations a été lu par le directeur de l’école, Francis Cronier-Thériault.
Un message inspirant
Cependant, le message le plus attendu était certes celui de Mme O’Bonsawin, qui en était à sa troisième visite à l’école. Membre de la Première Nation d’Odanak, cette Franco-Ontarienne était venue accompagnée de ses parents, sa collègue à la Cour suprême la juge Andromache Karakatsanis et quelques amis.
« N’deliwizi Miselis O’Bonsawin. Nojawi Odanak, Wôbanakik, Alnôba ta Plawinno nia. W’doza Richard ta Diane » voilà les premiers mots de Michelle O’Bonsawin, ajoutant que puisque la conseillère scolaire Ruszkowski avait déjà énuméré les dignitaires, elle ne répéterait pas leurs noms. Ensuite, elle a raconté cette « aventure » commencée en avril dernier, lorsque le conseil scolaire lui a demandé l’autorisation de donner son nom à une nouvelle école secondaire. « C’était un grand honneur pour moi d’accepter que mon nom soit pris en considération, a-t-elle raconté. J’étais un peu surprise parce que d’habitude les écoles portent le nom de personnes âgées ou décédées. »
Finalement, le 19 mai, elle a reçu un courriel l’informant que les membres du Conseil avaient approuvé le choix de son nom pour la nouvelle école. « Très émue, j’ai éclaté en sanglots. Je viens d’un milieu de cols bleus, a-t-elle ajouté. Mon père était machiniste à l’INCO et ma mère était enseignante. Il n’y avait pas d’avocats ni d’autres professionnels dans ma famille. » Cependant, dès son plus jeune âge, Michelle O’Bonsawin savait qu’elle deviendrait avocate, sans jamais imaginer devenir juge, et encore moins juge à la Cour suprême.
« Et jamais je n’aurais cru avoir une école secondaire qui porte mon nom, a-t-elle lancé avec fierté. Pour ma famille, cet honneur est très spécial. » Tout comme son père se faisait dire qu’il avait un nom « à coucher dehors », elle aussi s’est longtemps fait taquiner à propos de son nom. Cependant, saviez-vous que « O’Bonsawin » signifie « chercheur de piste » en abénaki, une des langues de la juge O’Bonsawin? « Maintenant, nous pouvons toutes et tous dire que notre nom figure sur une école secondaire », reconnaît-elle.
En s’adressant aux élèves, Mme O’Bonsawin a exprimé sa joie qu’ils poursuivent leurs études en français dans cette école. « Vous êtes maintenant des chercheurs de piste. J’espère que vous allez foncer et tracer vos propres chemins. Tous vos rêves sont réalisables; il faut persévérer et travailler fort. Cette école est quelque chose de précieux, j’espère que vous allez la chérir », a-t-elle conclu.
La coupe du ruban
La cérémonie s’est conclue par la traditionnelle coupe du ruban. De gigantesques ciseaux rouges ont été remis à Mme O’Bonsawin. Les coprésidentes de l’école pour l’année scolaire 2024-2025, Heidi Pirbhai et Evie Da Silva, ainsi que les dignitaires se sont joints à elle, chacun tenant une partie du ruban. C’est ainsi que sous les applaudissements enthousiastes du public, Michelle O’Bonsawin a coupé le ruban. Cet acte symbolique a suscité une vague d’émotion et de fierté parmi les participants, signifiant non seulement l’inauguration de l’établissement mais aussi l’accomplissement du rêve de toute une communauté. Puis, avec ses mots empreints de sagesse, Gary Sault de la Nation Mississaugas du Credit, a souligné l’importance de l’éducation et de la transmission des connaissances à la jeune génération.
Pour couronner cette journée mémorable, un goûter spécial a été offert devant l’école. Tous les invités, y compris les élèves, leurs familles, les membres du personnel et les dignitaires, ont partagé un moment de convivialité et de célébration. Les discussions allaient bon train, chacun échangeant des impressions sur la cérémonie et exprimant son enthousiasme pour l’avenir de l’école.
Ce moment de partage a renforcé le sentiment de communauté et d’appartenance, laissant entrevoir de belles perspectives pour l’école Michelle-O’Bonsawin. Malgré la pluie, la journée s’est terminée sur une note positive, marquant le début d’une nouvelle ère pour l’éducation laïque de langue française à Toronto.
Photo : La coupe du ruban. De gauche à droite : Stéphane Paradis (co-président du Conseil d’école), Michel Laverdière (directeur de l’éducation, CSV), les coprésidentes de l’école Evie Da Costa et Heidi Pirbhai de chaque côté de la juge Michelle O’Bonsawin et l’aîné Ojibway Gary Sault.