Dans une salle de réunion de l’Hôtel de Ville de Toronto, une conférence sur l’éducation en Haïti a été donnée par Gabriel Osson et Jhonel Morvan. Elle s’inscrit dans la programmation 2013 du FKZO, le festival de zook de Toronto.

C’était il y a un an. Un groupe de bénévoles francophones dont certains d’origine haïtienne, se sont envolés vers Haïti, afin de partager un peu de leur savoir-faire en matière d’éducation. Pour la plupart fonctionnaires du ministère de l’Éducation de l’Ontario, ils ont découvert ou redécouvert une île qui se remettait à peine des blessures du tremblement de terre de janvier 2010. Une île dont on aimerait qu’elle soit plus souvent mentionnée pour son rayonnement artistique que pour ses malheurs.

De l’arrivée chaotique à l’aéroport de Port-au-Prince, dont le hall des arrivées n’avait pas encore été reconstruit, après qu’il se fut écroulé. « C’est dans l’ancienne arrivée des cargo que l’on débarque. Tous les avions arrivent en même temps. C’est un désordre complet. Il n’y a pas de carrousels pour récupérer les bagages », raconte Gabriel Osson, qui parle de « chaos organisé ». « À la fin, on récupère ses bagages quand même, on ne sait pas vraiment comment! », ajoute-t-il.

Cette description sommaire pourrait s’appliquer au système éducatif haïtien. « Il existe de très bonnes écoles, en Haïti. Ce sont les écoles tenues par des congrégations religieuses. Mais il existe également un système public très inégal et un système privé chaotique. Tout le monde peut ouvrir son école pour gagner de l’argent », explique Jhonel Morvan, qui a fait ses études au Canada avant d’aller enseigner en Haïti.

De même, le système de formation des enseignants est pratiquement inexistant en Haïti. Il n’est pas rare que les enseignants n’aient pas de cursus universitaires et qu’ils enseignent juste après le secondaire. « Il arrive qu’un élève quitte la dernière année de secondaire pour enseigner, avant de revenir, quelques années plus tard, enseigner à cette même classe sans formation supplémentaire », raconte Jhonel Morvan.
En plus de cela, l’enseignement en Haïti est resté très traditionnel. « Les professeurs divulguent leur savoir de façon magistrale. Il n’y a pas d’interaction avec les élèves, ni de manipulations, notamment en sciences », explique Gabriel Osson.

Sur place, le groupe d’Ontariens a trouvé des stagiaires très sérieux, heureux d’apprendre et dévoués. Certains se levaient à 3 heures du matin pour arriver le ventre vide à 6 h 30 en formation. Malgré ces différences, les formateurs ont trouvé que les questionnements et les situations des enseignants haïtiens n’étaient pas si différents de ceux des Ontariens. « Que faire quand un enfant n’apprend pas à lire? Comment gérer un enfant turbulent? » Il existe toute une variété de stratégies à adopter lorsqu’il s’agit de relever ces défis.

D’après Jhonel Morvan, les petites structures bénévoles sont plus efficaces en Haïti que les grosses organisations internationales. Elles inscrivent leur projet dans la durée, en favorisant l’économie locale, au lieu de faire venir du matériel de l’étranger. En définitive, les contacts entre le groupe franco-ontarien et les enseignants haïtiens s’inscrivent dans la durée, dans un échange de savoir-faire précieux.

Photo : Une conférence sur l’éducation en Haïti était offerte dans le cadre du festival FKZO.