Au cours de la dernière fin de semaine de juillet a eu lieu le Festival de la bière sur le site de l’Exposition nationale canadienne. Un festival pour les connaisseurs et les hédonistes où toutes les bières étaient à la fête.

L’idée qu’une averse puisse empêcher les amateurs de bière de venir était simplement risible. Certes, c’était de l’eau. Et l’eau n’est jamais la bienvenue à un festival de bière. Mais parole de leveur de coude, ce n’était pas quelques gouttes qui empêcheraient les centaines d’habitués ou non du Festival de la bière, à venir se rincer la glotte.

Simplement, il a fallu s’adapter. De grandes tentes blanches ont été érigées, permettant que le liquide doré ne se mélange pas avec l’eau de pluie. Plus loin, l’herbe humide et la boue furent l’occasion de grandes glissades à plat ventre de quelques adolescents.

Une fois la pluie passée, le festival pouvait reprendre ses droits. Par mesure de sécurité sans doute, et pour mieux contrôler la consommation des buveurs, l’organisation a mis en place un système de jetons. D’une simplicité enfantine, un dollar équivalent à un jeton. Et c’était plutôt bien vu, tant le houblon a tendance à ramener, même les plus sages, en enfance. Il en résultait une queue monstre, assoiffée, en début d’après-midi. De même, des chopines en verre étaient distribuées. Une par personne. En cas de bris, la remplacer coûtait 20 $. Autant dire qu’il fallait faire attention et se surveiller, sous peine de ne plus boire.

En plus de la bière, le festival proposait plusieurs ateliers gastronomiques tel celui du chef Craig Harding, du restaurant Campagnolo sur la rue Dundas Ouest. Des concerts étaient également offerts sur la scène principale du lieu. Au programme, Spin Doctor.

Sitôt les précieux sésames en poche, les joyeux festivaliers pouvaient se précipiter vers les tables où on leur servait le liquide divin. Beaucoup de bières industrielles, avec les grandes marques dont Canadian, Budweiser, 1664 et Pilsner ainsi que des bières artisanales ontariennes telles les Flying Monkey, Beau’s et Muskoka. Et même des bières torontoises, telles que la Mill Street, brassée à La Distillerie et la Steam Whistle, brassée au pied de la tour CN. On pouvait également trouver les dernières productions des toutes nouvelles brasseries de Toronto, telles Bellwoods, implantée rue Ossington, ou encore, Kensington Brewery, dans le marché du même nom.

Rayon bières artisanales, les connaisseurs ne pouvaient pas passer à côté de la Chouffe, sympathique bière de très grande qualité, qui commence à prendre sa place en Amérique du Nord, après avoir d’abord séduit la Wallonie, Bruxelles, Paris et qui se trouve depuis peu, dans un pub ou deux à Toronto. Produite dans le village d’Achouffe (d’où le nom), elle frappe par la richesse de son goût et sa très faible amertume.

Difficile également de passer à côté de la Brunehaut, une bière belge, tout ce qu’il y a de plus artisanal. Son propriétaire, Marc-Antoine Demees, a fait le chemin jusqu’à Toronto, pour la présenter. « On dit que les bières ressemblent à leur brasseur. La mienne n’est pas amère… » Venu de la petite ville de Tournai collée à la frontière française, il présente une des seules bières sans gluten au monde. « Le gluten est séparé du houblon par un procédé naturel, garanti sans produits chimiques », explique-t-il. D’ailleurs, la brasserie Brunehaut est probablement la seule qui possède sa propre ferme et son propre champ pour cultiver son houblon. À Toronto, Marc-Antoine Demees trouve que le public est « un mélange d’États-Unis et d’Europe, les gens boivent beaucoup comme en Europe, mais sont ouverts et curieux comme aux États-Unis ».

Vers la fin de la journée, c’est sans doute l’aspect européen du festival qui prédominait. Cette espèce d’ivresse molle, bien propre à la bière, qui se caractérise par un sourire béat, un ventre bien gonflé et des yeux mi-clos, semblait avoir conquis la place. Une conquête douce et rigolarde. Il était temps de rentrer faire une sieste.

Photo: Marc-Antoine Demees, producteur de la Brunehaut, une bière sans gluten