Après sept auteurs au compteur, le club de lecture de la Bibliothèque publique de Toronto (TPL) jette son dévolu sur l’écrivaine contemporaine, Kim Thúy et son troisième roman intitulé sobrement « Vi ».
Mis au préalable à la disposition des participants en format papier, numérique et même en version audio, le livre n’a pas fait l’unanimité chez ces deniers, et ce malgré un trivial consensus : Kim Thúy manie la plume comme un chef d’orchestre manie la baguette. En effet, l’écriture de cette autrice est très poétique, chaque mot est précis et semble être choisi avec minutie, ce qui n’empêche nullement un style fluide et facile à lire.
Douée donc pour l’écriture certes, toutefois, selon certains participants à cet évènement, le hic réside dans le sujet traité à savoir la vie des immigrants forcés de quitter leur pays.
« C’est à se demander si Kim Thúy est capable d’écrire sur autre chose que ce thème central », confie une lectrice.
« On a l’impression que la vie de la romancière et son écriture ne font qu’un. J’ai du mal à dissocier la romancière de ses personnages », ajoute une autre.
Là-dessus, on ne peut qu’approuver puisque dans la majorité des œuvres de l’écrivaine, ce thème est redondant. Cependant, pour comprendre ce délicieux acharnement, il faut plonger dans la biographie de Kim Thúy et fouiner dans son passé!
En effet, tour à tour couturière, interprète, avocate, chroniqueuse culinaire pour la radio et la télévision, écrivaine… la femme a eu plusieurs vies dont le point de départ est l’immigration forcée et la souffrance qui, inéluctablement, va avec.
À l’âge de 10 ans à peine, elle fuit son Vietnam natal dans la cale de l’un de ces bateaux de la mort, les fameux boat-people, avant d’arriver au Canada pour s’y installer. Cela marque sans conteste une écriture et lui donne une âme véritable.
Les chiffres sont là pour le prouver, l’art de Kim Thúy ce n’est pas moins de 730 000 exemplaires vendus dans 39 pays et territoires dans le monde, des romans traduits en 29 langues et, entre autres, un Prix littéraire du Gouverneur général en 2010.
SOURCE – Soufiane Chakkouche