Pour sa seizième émission, Quatrième de couverture avait élu domicile à la Bibliothèque de référence dans le cadre du Salon du livre de Toronto. Elle avait pour thème « La solitude, une chance ou une malédiction ». Un petit paradoxe quand on pense que l’émission était enregistrée au cœur du Salon, entouré de badauds et du brouhaha habituel.

Dans notre société, la solitude est un luxe. « Certains la chérissent, l’apprivoisent ou encore la voient comme une alliée ou une compagne silencieuse qui favorise la méditation, la contemplation (…) et pour d’autres, l’insoutenable pesanteur de la solitude est vécue dans l’angoisse, elle effraie », mentionne l’animatrice Anne Forrest-Wilson.

L’auteur Sylvain Tesson s’était juré de vivre seul pendant six mois et il l’a fait. Il raconte cette expérience dans un récit autobiographique intitulé Dans les forêts de Sibérie. Cette solitude choisie fut pour l’auteur une « conquête de l’espace et du temps, une manière de se trouver soi-même », raconte la chroniqueuse Christine Klein-Lataud.

Sylvain Tesson est l’un de ceux qui trouve son bonheur dans la solitude. Débarquant avec livres et vodka, l’auteur « boit et s’amuse beaucoup (…) Il reste aussi près du danger tout le temps, mais c’est comme ça qu’il jouit de la vie », souligne Mme Klein-Lataud, en ajoutant avec une pointe d’humour qu’il existe, selon elle, des moyens moins extrêmes pour profiter de la vie.

D’autres personnes n’ont pas le choix et s’isolent par nécessité. Dans la fresque sociale Du domaine des murmures, l’auteure Carole Martinez raconte l’histoire d’une jeune fille au XIIe siècle dans le Jura (France) qui, ne voulant pas être mariée de force, fait le vœu de vivre cloîtré dans une cellule. Un roman qui trouve ces racines dans des faits historiques; certaines femmes se faisaient emmurer à vie.

Cette histoire « fait vraiment réfléchir sur la condition des femmes », précise la chroniqueuse Chloé Leduc-Bélanger.

Certains, quant à eux, tombent dans la solitude suite à un problème de santé. C’est le cas de Jean-Dominique Bauby qui, victime d’un accident vasculaire cérébral, a été affecté du « syndrome d’enfermement », ne pouvant bouger qu’une seule de ses paupières.

Grâce à un « alphabet particulier », il réussira à dicter le récit de sa maladie dans Le scaphandre et le papillon. « Le scaphandre, c’est son corps, et le paillon, c’est son esprit », glisse Elvis Nouemsi.

Rendez-vous dans deux mois pour la prochaine émission.

 

PHOTO – De gauche à droite : Anne Forrest-Wilson, Elvis Nouemsi, Christine Klein-Lataud et Chloé Leduc-Bélanger