C’est l’écrivain torontois d’origine française Daniel Soha qui a remporté le prix littéraire Christine-Dumitriu-van-Saanen 2018 lors de la soirée d’ouverture du Salon du livre de Toronto, pour le tome 2 de ses Chroniques tziganes : La légende de Joe Magarac, une saga familiale sur quatre générations et quatre pays.
C’est Gabriel Osson, président de l’Association des auteurs de l’Ontario français (AAOF), qui a annoncé le nom du gagnant parmi les trois finalistes de cette cuvée 2018, les deux autres étant Michelle Deshaies pour son roman XieXie et Michel Thérien pour son recueil de poésie Des vallées nous traversent.
« Je ne suis pas un auteur du terroir, a expliqué Daniel Soha en remerciant le jury. Ce qui m’intéresse, c’est ce qui se passe quand on quitte le terroir… Et Toronto est, pour un grand nombre de personnes, le terroir de ceux qui ont quitté leur terroir. »
Dans Chroniques tziganes II, il reprend la saga de sa famille d’une façon complètement différente, prise d’un autre angle, exprimée d’une autre manière et avec d’autres procédés, avec de nouveaux textes, en la retravaillant et surtout, en s’adressant cette fois-ci à une interlocutrice : Laurette. Cette jeune fille redonnera des airs de jeunesse à David et permettra aussi à cette histoire familiale presque improbable d’être véritablement entendue.
Par la suite, le président du Salon du livre, Valery Vlad a expliqué qu’à chaque édition, le Salon honore une personne qui sert d’une façon particulière le fait culturel français en Ontario. Le choix du conseil d’administration du Salon du livre s’est arrêté sur Yves Turbide, le directeur général de l’AAOF. L’organisme a aussi remis une seconde plaque à Nadia Moalic-Gahagnon, une bénévole et membre du Salon du livre depuis les débuts de l’événement en 1992.
Le Salon du livre ouvrait ses portes au public du 29 novembre au 1er décembre, avec en toile de fond un contexte politique peu favorable aux événements culturels et par surcroit, francophone. La programmation de cette 26e édition reflétait d’ailleurs une certaine prudence des administrateurs, comme l’avait indiqué M. Vlad il y a quelques semaines lors de l’AGA de l’organisme : « Le refus de la Fondation Trillium de considérer notre projet, qui constituait une étape importante du développement stratégique, nous met devant de nouveaux défis ».
Il parle ici du projet Esprit critique, une collaboration entre le Salon, les conseils scolaires de Toronto, le Centre de la francophonie des Amériques, l’Association des auteurs de l’Ontario français, les Éditions Sivori, le Regroupement des éditeurs franco-canadiens, WorldVuze et Groupe média TFO. « Cette initiative allait au-delà des activités habituelles et proposait d’agir très tôt et d’aider les jeunes à acquérir les compétences pour passer plus facilement du statut d’élève à celui de citoyen capable de contribuer à la société. Nous avons consacré quelque 100 heures de travail à imaginer et mettre sur pied ce projet. Le refus de Trillium, totalement injustifié selon nous, a entraîné un certain découragement parmi les bénévoles et l’équipe de direction. »
Le contexte actuel inquiète les membres du conseil d’administration qui a décidé d’y aller avec prudence cette année en présentant des tables rondes avec surtout des talents locaux. Les partenariats avec la Bibliothèque de référence de Toronto et les deux conseils scolaires francophones sont primordiaux à la tenue de cet événement annuel et encore cette fois-ci, le public scolaire constituait le plus grand nombre de visiteurs au Salon. Une réalité qui frappe non seulement le Salon du livre de Toronto, mais également plusieurs autres au pays. Le modèle traditionnel de ce genre d’événement littéraire est en transition et le Salon du livre de Toronto ne fait pas exception. La participation du public n’est pas à la hauteur des espérances des exposants et c’est à se demander si l’essoufflement et le découragement des bénévoles, la diminution des ressources financières et de l’intérêt général pour le modèle actuel du Salon du livre auront un impact important sur la 27e édition prévue entre le 4 et le 7 décembre 2019.
PHOTO: Daniel Soha (à gauche) et Gabriel Osson