Jean-François Gérard

Des couleurs vives, des animaux, des visages, d’épais contours qui font ressortir les nombreux éléments… Le peintre québécois Michel Blouin a déployé 43 œuvres à la galerie Thompson Landry à retrouver jusqu’au 5 mai.

L’artiste, qui vit sur l’île d’Orléans, était présent à l’occasion de la soirée Art after hour dans les différentes galeries du quartier de La Distillerie le jeudi 25 avril. C’est la première fois qu’il expose à Toronto.

Alors que son exposition s’appelle Comédie humaine, de nombreux tableaux mettent au centre du sujet de grands animaux, qui semblent parfois regarder le spectateur droit dans les yeux. « L’humain n’est pas si loin que ça de l’animal, s’amuse le peintre. On joue tous notre rôle, il y a une forme de comédie au premier abord dans nos interactions. »

Ce qu’il considère comme « la pièce maîtresse » de sa collection est Métamorphose, un ensemble de quatre tableaux assemblés telle une fresque, qui représente l’individu et où quelques mots en français sont inscrits. Les visages peuvent rappeler Picasso, le style évoquer Marc Chagall ou Jean-Michel Basquiat. Des comparaisons qui flattent l’artiste qui ne les renie pas. « On a tous nos inspirations », dit-il. La sienne vient surtout de son entourage direct, « une maison ordinaire sur l’île, entourée de nature et d’animaux », ou des grandes villes qu’il a visitées récemment.

Une autre œuvre exposée imbrique ainsi à l’intérieur d’un cheval géant une ville moderne et ses nombreuses tours verticales « qui sont comme des totems américains », juge-t-il. D’autres toiles dépeignent des situations figées, par exemple des paysages ou un conteneur sur un des Grands Lacs, voire sont plus abstraites.

Michel Blouin est un artiste au parcours heurté et atypique. « J’ai été alcoolique jusqu’à mes 40 ans et clochard », confie-t-il. C’est finalement d’écrire son premier livre de poésie à ses 40 ans qui a donné « un sens à ma vie », ajoute-t-il.

La peinture, « c’est la suite de ma poésie, mais celle d’un homme heureux », détaille-t-il. Ce qui explique les couleurs vives, même si quelques visages plus ternes viennent au contraire rappeler une certaine mélancolie. C’est ce balancier entre fantasmes, souvenirs, spiritualité, et le sens des détails qui rend l’ensemble subtile, varié et insaisissable.

Les tableaux présentés représentent deux ans de travail. Michel Blouin se dit « très discipliné » à peindre tous les jours à produire « un art brut ». Il peut consacrer deux semaines pour une production, le temps de trouver le bon équilibre. « En s’asseyant, l’inspiration vient tout le temps, mais il faut travailler », décrit-il. Une méthode de travail qu’il appliquait déjà pour l’écriture. Avant de choisir de s’exprimer avec des pinceaux plutôt qu’un stylo.

Photo : Michel Blouin devant son œuvre Métamorphose, pièce maîtresse de l’exposition.