Richard Caumartin
Le Club canadien de Toronto présentait son déjeuner-conférence du mois d’avril dans l’auditorium du Collège Glendon de l’Université York. Cette rencontre s’est transformée en une célébration de la Francophonie ontarienne avec, pour invités d’honneur, la lieutenante-gouverneure de l’Ontario, Edith Dumont, et le commissaire aux services en français de la province, Carl Bouchard.
Les commanditaires principaux de l’événement – Marco Fiola du Collège Glendon et Patrick Van Gheel, ambassadeur de la Belgique au Canada – se sont d’abord adressés aux participants. Puis, la présidente du Club canadien, Geneviève Grenier, a souhaité la bienvenue à tous, en confirmant qu’il s’agissait du dernier déjeuner de la saison 2023-24.
Son allocution a été suivie d’une intervention de la directrice générale du Mouvement ontarien des femmes immigrantes francophones, Carline Zamar, qui a présenté un résumé des initiatives de son organisme et des programmes mis de l’avant pour sa clientèle immigrante.
Les deux panélistes se sont ensuite installés devant le public pour répondre aux questions du journaliste Gabriel Garon qui leur a demandé de décrire d’entrée de jeu leurs fonctions.
Mme Dumont a résumé en trois catégories les siennes. La lieutenante-gouverneure de la province a expliqué qu’elle exerce des responsabilités constitutionnelles pour lesquelles elle doit lire tous les projets de loi et leur donner la sanction royale. Elle doit aussi assermenter les ministres. Puis, il y a son rôle protocolaire et finalement, ses relations avec les Ontariens dans toute leur diversité.
Pour sa part, Carl Bouchard a insisté sur sa capacité très large d’aider les francophones de la province pour l’obtention des services en français auxquels ils ont droit.
L’animateur a alors demandé à Mme Dumont pourquoi le gouvernement de l’Ontario l’avait choisie. « L’histoire que je peux vous raconter est que j’étais quand même à quelques semaines de débuter un nouveau poste dans le domaine de l’éducation à Ottawa. J’étais en vacances avec mon papa et je cueillais des bleuets dans un champ de l’Est ontarien quand j’ai vu sur mon téléphone un appel du bureau du premier ministre. Je n’ai pas répondu mais j’ai dit à mon mari « oui, ça peut être un scam » mais le téléphone sonne de nouveau 10 minutes plus tard et on m’a demandé si le poste de lieutenante-gouverneure de l’Ontario m’intéressait, raconte-t-elle.
« Très étonnée, je leur ai demandé un moment pour y penser (la soirée) et j’ai dit à mon conjoint que je ne pouvais pas refuser cet honneur. On m’a dit que c’était la première fois que l’on nommait une Franco-Ontarienne à ce poste et seulement la quatrième femme de toute l’histoire de la province. J’ai donc accepté mais à ce jour, je ne sais toujours pas comment mon nom est arrivé sur la table du comité qui a pris cette décision. »
Elle croit que c’est probablement sa participation dans de nombreux comités communautaires dans le domaine de l’éducation, tant au niveau local à Ottawa, dans les régions, au pays et même à travers le monde qui aurait probablement motivé des personnes influentes à soumettre son nom.
Au tour de Carl Bouchard, quelle était sa motivation pour le poste de commissaire aux services en français de l’Ontario?
« Ce que j’ai voulu faire comme personne, c’est d’aller chercher les outils pour contribuer à ma Francophonie, pour pouvoir redonner à ceux qui m’ont précédé et pour pouvoir laisser quelque chose à ceux qui vont suivre. Travailler dans un bureau dans lequel on se retrouve actuellement, qui veille au respect des droits, qui a un mandat de s’assurer que les gens sont traités avec équité et respect de la part de leur gouvernement, qui ont leur place dans la société ontarienne, c’était pour moi naturel, une question de conviction.
« Je crois que c’est l’endroit idéal pour le moment pour moi de me retrouver, de pouvoir exercer ces fonctions-là avec beaucoup d’humilité. Je veux m’assurer que les francophones se reconnaissent, peu importe leur visage, leur voix et leurs expériences de vie dans l’Ontario d’aujourd’hui et qui comprennent que les droits des francophones, ce sont les droits de chacun d’entre nous, peu importe la façon dont on exprime notre identité personnelle », poursuit M. Bouchard.
Bref, Edith Dumont affirmait qu’elle avait la chance de célébrer l’engagement public dans toute sa diversité, et la francophonie en est une grande partie, tandis que Carl Bouchard a comme mandat et passion de la protéger. Une discussion engageante et inspirante pour l’auditoire du Club canadien qui les a chaleureusement applaudis en fin de rencontre.
Photo: De gauche à droite : Patrick Van Gheel, Geneviève Grenier, Carl Bouchard, Edith Dumont, Gabriel Garon, Marco Fiola, Alexis Maquin et l’animatrice de la rencontre, Eunice Boué