Olaïsha Francis
Toronto accueillait, du 20 au 25 mai, la comédienne Magalie pour la première fois avec son spectacle Homecumming / Re-venir au Assembly Theatre, un one-woman show qui jongle entre drame et comédie, abordant des thèmes aussi intenses que la santé mentale, la sexualité et la quête de soi.
Originaire de la ville de Québec, Magalie a une trajectoire de vie aussi riche que son parcours artistique. Après des études collégiales à George Brown College à Toronto, elle a fait le conservatoire d’art dramatique. C’est dans la métropole qu’elle débute sa carrière, avant de passer cinq années à Vancouver comme actrice. Depuis un an, elle est de retour en Ontario, où elle développe son art.
Homecumming est en quelque sorte une pièce autobiographique, adaptée et transformée pour mieux toucher le public avec une dose d’humour percutant. « J’ai écrit ce spectacle en trois mois, comme un journal intime. Puis j’ai commencé à le structurer comme une pièce, avant de l’amener sur scène avec des répétitions et des ateliers. Ce n’est pas juste une performance comique, c’est un récit intime », confie-t-elle au Métropolitain.
Loin d’être un show vulgaire ou érotique, Homecumming plonge dans des eaux plus profondes. À travers l’histoire de son personnage, Magalie explore des sujets tabous tels que la perte de l’orgasme et la détresse émotionnelle qui peut en découler d’une poursuite sans mesure. Mais derrière ces thèmes se cache une réflexion plus vaste sur la santé mentale et la réconciliation avec soi-même. « Oui il y a des thèmes de sexualité dans ma pièce mais c’est avant tout une histoire d’amour de soi, explique-t-elle.
« Un des moments qui me marque dans le spectacle, c’est quand le personnage sombre dans l’abîme, en enfer (pour faire référence avec la religion de façon symbolique). Elle prend conscience qu’elle ne va pas bien, mais vu qu’elle n’a pas d’aide et ne sait pas comment s’en sortir, elle se laisse un peu sombrer dans la dépression jusqu’à ce que ça s’empire. Ce qui est triste, c’est de voir un personnage qui est humain, attachant et qui mérite de s’aimer et d’être aimé. Ça brise un peu mon coeur de rejouer cette version de moi-même qui existait. »
Elle explore aussi le thème de l’adultère auquel le personnage a recours dans l’espoir de se sentir mieux, les erreurs qui en découlent et la manière dont nos actions peuvent parfois aggraver notre mal-être. « C’est un cercle vicieux, insiste Magalie. Elle s’enfonce de plus en plus dans cette spirale et culpabilise, jusqu’à ce qu’elle prenne conscience qu’elle doit changer pour pouvoir vivre à nouveau. »
Pour Magalie, l’une des inspirations derrière Homecumming est la série britannique Fleabag de Phoebe Waller-Bridge. « J’ai beaucoup aimé la télésérie. J’ai lu le one-woman show puis ça m’a un peu inspirée. Ça parle d’une femme qui vit un traumatisme et qui utilise le sexe et les hommes pour se sentir mieux. C’est comme une drogue et une échappatoire mais en fait, ce n’est pas la solution. Mon spectacle, ce n’est pas la même histoire que Fleabag, il y a des similarités mais c’est vraiment personnel et unique », dit-elle.
Ce spectacle ne cherche pas à offrir une fin de conte de fées. Cette prise de conscience et de résolution en est le cœur, car elle montre que le chemin vers la guérison commence avec l’acceptation de soi et la volonté de changer.
Avec Homecumming, Magalie offre une performance brute et émouvante, où la douleur se transforme en rires et où le public trouve un miroir de ses propres luttes. À travers une écriture subtile et des moments de vulnérabilité, elle rappelle que, parfois, l’humour est l’outil le plus puissant pour aborder des sujets douloureux et universels.
Photo : La comédienne Magalie dans le spectacle Homecumming / Re-venir