Six produits plastiques devraient disparaître du pays dans 14 mois. Le gouvernement fédéral a annoncé le mercredi 7 octobre qu’il interdit les sacs en plastique, les pailles, les bâtonnets à mélanger, les porte-canettes, les ustensiles et les contenants pour emporter difficiles à recycler.

L’interdiction doit entrer en vigueur d’ici la fin de 2021.

En faisant cette annonce, le ministre fédéral de l’Environnement, Jonathan Wilkinson, a souligné que les Canadiens jettent aux ordures trois millions de tonnes de plastique chaque année.

« (C’est) l’équivalent de 570 sacs-poubelle remplis de plastique chaque minute, chaque jour », a illustré le ministre en conférence de presse, à Gatineau.

Il n’a pas dit de combien cette montagne de plastique sera réduite grâce à l’interdiction des six produits choisis.

Il a rappelé que ce plastique jeté « représente une perte de valeur d’environ 8 milliards $ ».

Le ministre a, par ailleurs, pris la peine d’assurer que les plastiques, de plus en plus nombreux, utilisés par les services médicaux en ces temps de pandémie ne seront pas touchés par le plan fédéral de réduire l’utilisation des plastiques non recyclables.

Les ministres provinciaux et fédéral de l’Environnement se sont entendus sur la gestion de ce plastique-là. « Nous cherchons des moyens pour recycler les équipements de protection personnelle lorsqu’il est sécuritaire de le faire et explorons aussi la possibilité de rendre une partie de ces équipements biodégradable », a précisé le ministre Wilkinson.

Ottawa espère toujours avoir zéro déchet plastique en 2030. En ce moment, seulement 9 % des plastiques utilisés au Canada sont recyclés. Le gouvernement fédéral veut augmenter cette proportion, mais le ministre n’a pas offert de cible ni d’échéancier pour cette intention.

Le ministre du Patrimoine et ancien militant environnementaliste Steven Guilbeault était aux côtés de son collègue Wilkinson pour cette annonce.

« Non, je ne crois pas du tout que c’est trop timide », a-t-il déclaré.

Ses alliés d’hier pensent tout autrement.

« Après avoir promis pendant trois ans de s’attaquer aux déchets et à la pollution plastiques et d’élaborer une stratégie visant à faire du Canada un pays « zéro déchet plastique », le gouvernement fédéral continue d’appuyer largement le mythe du recyclage et de promouvoir une liste d’interdiction insuffisante et insatisfaisante », écrit, dans un courriel, Agnès Le Rouzic de Greenpeace Canada.

« Monsieur Wilkinson (…) ne nous dit pas comment nous allons – avec un taux de recyclage actuel de 9 %  –  retenir les 91 % restants de couler dans les océans », dénonce-t-elle.

Avant la sortie du ministre, au Bloc québécois, on se montrait déjà méfiant.

« Voyons dans quelle mesure c’est un progrès et bien sûr voyons comme le gouvernement aura la colonne vertébrale requise pour faire face aux différents lobbys qui vont émerger de l’Alberta à cet égard-là », avait dit le chef bloquiste Yves-François Blanchet.

Chez les conservateurs, on s’inquiète plutôt pour l’industrie du plastique. Gérard Deltell dit avoir « des réserves sérieuses » face à ce plan et cite « les centaines d’emplois » au Québec menacés par une réduction du plastique.

Le ministre Wilkinson, lui, s’est rabattu sur la nécessité de consulter davantage provinces et territoires avant d’aller plus avant dans son plan pour l’élimination du plastique à usage unique.

Un document de travail sur ce plan du gouvernement fédéral a été mis en circulation.

« Nous voulons prendre le temps pour avoir une approche (qu’approuvent) tous les gouvernements provinciaux et territoriaux », a-t-il répondu à une question de journaliste.

SOURCE – Lina Dib, La Presse canadienne