Parvenir à lier deux pièces créées à trois siècles d’intervalle dans une même soirée est un tour de force que l’on ne voit que rarement. La Troupe des anciens de l’Université de Toronto relève le défi en présentant George Dandin ou le Mari confondu de Molière et Le Commissaire est bon enfant de George Courteline et Jules Lévy au théâtre George Ignatieff les 17 et 18 avril. 

« Ça fait 45 ans que la Troupe des anciens fait du théâtre, affirme Daniel Bourque, qui tient le rôle principal de George Dandin. Au fil des ans, ça a pris une dimension plus pédagogique. » 

En effet, entre six et huit écoles ont droit chaque année à une représentation, tandis que seules deux séances sont dédiées au grand public. Ces œuvres furent choisies pour leur accessibilité, loin des plus grands succès de Molière qui demandent plus de temps à mettre en place. Bien qu’intégralement en français, les anglophones n’ont pas été oubliés puisque des surtitres dans la langue de Shakespeare seront projetés pour chaque spectacle.

La première pièce conte l’histoire du riche paysan George Daudin qui, après avoir acquis épouse et noblesse en échange de son or, ne parvient ni à accéder au lit de sa belle, ni à empêcher les assauts de charme du libertin Clitandre, qui souhaite lui ravir les faveurs de sa douce. La première personne à avoir vu cette pièce fut le roi Louis XIV en 1668 à Versailles. « C’est une pièce accessible, qui n’est pas écrite en alexandrins, explique M. Bourque. Il y a tout un côté lutte des classe, c’est très drôle. »

La seconde pièce est une comédie en un seul acte qui n’est pas tendre avec les fonctionnaires de police et montre comment le moindre pouvoir peut monter à la tête de celui qui en est investi. L’un des membres de la troupe joue dans les deux pièces, mais sinon chaque groupe se prépare chacun de son côté : 

« Ce sont des pièces différentes, presque réalisées en vase clos par la metteure en scène Paulette Collet, ajoute Daniel Bourque. Elle connaît très bien Molière, les classiques du répertoire français. » 

Le fait que les acteurs de la Troupe des anciens répètent dans le cadre de l’Université de Toronto est un énorme atout selon lui, car on leur donne accès à plusieurs salles pour mener leurs projets à bien. De plus, le théâtre Ignatieff qu’il qualifie de « très beau » sera une partie non-négligeable du succès de la pièce : « Il y a environ 200 places, ce qui fait qu’au total le spectacle sera vu par 1200 personnes », se réjouit-il.

Une épopée théâtrale prometteuse vouée à combler les amateurs de comédie et les penseurs friands de préoccupations sociétales anciennes mais toujours d’actualité.