Bien sûr, il est peut-être un peu tôt pour présumer de ce que sera la rentrée de septembre prochain à l’Université de l’Ontario français (UOF), mais si la tendance se maintient, celle-ci ne sera pas une retentissante réussite. L’institution fondée de peine et de misère après bien des débats sur sa pertinence ne compte jusqu’à présent que 14 demandes d’admission d’étudiants issus des écoles secondaires de l’Ontario.

Cela représente une diminution marquée considérant que 19 personnes issus du réseau scolaire ontarien avait fait une demande en 2021. À pareille date, l’an dernier, ce faible intérêt avait d’ailleurs fait couler beaucoup d’encre et c’est encore le cas cette fois, d’autant plus que le nombre d’étudiants universitaires continue d’augmenter partout dans la province.

Il ne s’agit donc pas d’un phénomène touchant l’ensemble des institutions et qui pourrait s’expliquer par des raisons circonstancielles, telle l’incertitude économique ou la pandémie.

Par voie de communiqué, l’UOF a fait valoir que le nombre de demandes d’admission d’étudiants étrangers est plus élevé qu’il ne l’était en janvier 2021. Qui plus est, les 14 étudiants ontariens en question ne sont pas les seuls résidents de l’Ontario ayant manifesté leur intérêt mais seulement ceux qui sont présentement inscrits au secondaire.

Tout de même, la popularité des plus mitigés de l’UOF auprès de sa clientèle cible a de quoi inquiéter. À court terme, cela ne met pas en péril la survie de l’institution qui compte présentement 150 étudiants, mais nombre de questions requiert à présent des réponses de façon urgente.

L’an dernier, il était facile pour l’UOF et son nouveau recteur, Pierre Ouellette, de blâmer la pandémie et l’approbation tardive des programmes par le gouvernement en octobre 2020 pour expliquer le petit nombre d’inscriptions. Depuis, l’université a eu amplement le temps de promouvoir ses programmes et la population s’est, pour le meilleur et pour le pire, habituée aux aléas de la COVID-19.

Qu’est-ce qui cloche, donc? Très tôt, dès qu’il a été évident que les attentes en matière d’inscriptions ne seraient pas comblées, la nature des programmes mis de l’avant a été remise en question. Les quatre baccalauréats offerts, au nom tous plus sibyllin les uns que les autres (« études des cultures numériques », « études de la pluralité humaine », « études de l’économie et l’innovation sociale », « études des environnements urbains »), se distinguaient certes de ce que l’on voit partout ailleurs mais se condamnaient ainsi à n’intéresser qu’une minorité.

La nécessité d’élargir la gamme de programmes, entre autres pour englober des matières plus traditionnelles, a d’ailleurs été évoquée à quelques reprises. D’ailleurs, l’institution travaille présentement à la création d’un baccalauréat en éducation et ne se limitera pas à ce champ d’études : « Nous écoutons les commentaires de notre communauté. Les gens veulent des programmes en administration et en santé par exemple, et nous travaillons à les offrir rapidement », avait ainsi affirmé le recteur Pierre Ouellette lors de son passage au Club canadien en septembre dernier.

Il faudra faire vite, sans quoi ce sera l’existence même de l’UOF qui pourrait un jour être remise en question.