L’Ontario a terminé le dernier exercice financier avec un excédent de 2,1 milliards $, bien loin du déficit de 33 milliards $ estimé dans le dernier budget, grâce à l’inflation et à une croissance économique plus robuste, a déclaré le gouvernement le 23 septembre.
L’excédent est le résultat de recettes supérieures de 20 % aux prévisions budgétaires de 2021, provenant en grande partie des impôts. Cette augmentation des recettes est due à une inflation plus élevée que prévu et à une croissance du PIB nominal supérieure de plus de cinq points à la moyenne des prévisions du secteur privé à l’époque du budget, a indiqué le gouvernement.
En publiant les comptes publics 2021-2022 de la province, le ministre des Finances, Peter Bethlenfalvy, a déclaré que cet exercice avait été « exceptionnel ».
« Lorsque nous avons préparé notre budget pour l’exercice 2021-2022, les gouvernements dans le monde entier étaient encore confrontés à de nombreuses inconnues, dont l’impact économique était encore incertain, a-t-il déclaré en conférence de presse. Nous avons maintenant une image plus claire de l’impact de la pandémie sur l’économie au cours de l’exercice précédent. »
L’emploi a augmenté, les dépenses de consommation ont été robustes et les bénéfices des entreprises ont enregistré de solides gains, a souligné le ministre Bethlenfalvy. La croissance du PIB nominal en Ontario a été de 11,9 %, le rythme de croissance annuel le plus élevé depuis le début des années 1980, a-t-il déclaré.
L’excédent de l’année dernière n’est toutefois pas un indicateur des perspectives pour cette année, car les chiffres publiés le 23 septembre ne sont pas prospectifs, a précisé M. Bethlenfalvy, tout en conservant un certain optimisme.
« Dans un contexte d’incertitude mondiale et avec des augmentations du coût de la vie atteignant des niveaux jamais vus depuis des décennies, cet excédent place l’Ontario dans une situation financière plus solide à court terme », a-t-il estimé.
L’excédent sera utilisé pour contribuer à la réduction de la dette nette de l’Ontario, qui est d’environ 380 milliards $.
Le gouvernement progressiste-conservateur de Doug Ford veut par ailleurs faire adopter une loi qui suspendra l’augmentation automatique du salaire des députés prévue lorsque l’Ontario clôt un exercice financier avec un excédent. Le gouvernement Ford estime que « les politiciens ne devraient pas recevoir des augmentations lorsque la population a de la difficulté à s’adapter à la hausse du coût de la vie ».
Du « révisionnisme », selon le NPD
La porte-parole néo-démocrate en matière de finances, Catherine Fife, a rejeté l’idée que la gestion budgétaire du gouvernement progressiste-conservateur ait permis de terminer l’année en force, tout en disant que ces surplus devraient être dépensés autrement.
« Ce gouvernement a bénéficié de coûts plus élevés et de salaires plus élevés, et il veut ensuite s’en attribuer le mérite, a-t-elle déclaré.
« Pendant ce temps, la majorité des habitants de cette province souffrent. C’est donc, de notre point de vue, tout un révisionnisme de voir un gouvernement s’attribuer le mérite de ces 30 milliards $ supplémentaires, alors qu’il pourrait faire dans la province des investissements clés qui atténueraient, en fait, une partie des problèmes que vivent les gens. »
Le gouvernement Ford annonce par ailleurs qu’il augmente de 140 millions $ le montant qui sera versé aux parents en paiement direct pour le « soutien au tutorat » des élèves après deux ans de pandémie. Le budget de ce programme pour l’exercice passera donc de 225 millions $ à 365 millions $.
« Les parents peuvent utiliser leurs paiements directs pour du tutorat ou pour des fournitures et du matériel servant au tutorat », indique le gouvernement, qui n’a toujours pas fourni de détails sur le fonctionnement de ce programme, sauf pour dire que les candidatures ouvriront le mois prochain.
Les néo-démocrates croient que cet argent devrait plutôt aller au système d’éducation public, et non aux entreprises privées qui offrent du tutorat.
Plus en santé, moins en éducation
Les dépenses réelles du gouvernement au cours de l’exercice 2021-2022 ont été inférieures de 2,5 milliards $ au plan de dépenses budgétaires, notamment 1,4 milliard $ de moins en éducation. Les responsables attribuent en partie cette baisse des dépenses générales à la fin des mesures ponctuelles de soutien pendant la pandémie.
Les dépenses en santé ont été par contre plus élevées que prévu, principalement en raison des sommes versées aux hôpitaux et aux foyers de soins de longue durée pour faire face à la pandémie, ainsi qu’aux campagnes de vaccination contre la COVID-19.
L’Ontario a dépensé 75,7 milliards $ pour la santé l’an dernier, soit une augmentation de 6,2 milliards $ par rapport à l’année précédente.
Le gouvernement a notamment dépensé 1,8 milliard $ pour les tests de dépistage contre la COVID-19 et la vaccination, 1,6 milliard $ supplémentaires pour les hôpitaux, 1,2 milliard $ pour répondre à une utilisation accrue du système de santé, comme les visites chez le médecin, et 900 millions $ pour « stabiliser la main-d’oeuvre dans le réseau », par exemple en versant aux infirmières des primes de « rétention » de 5000 $.
Source : La Presse canadienne
Photo : Peter Bethlenfalvy, ministre