Jean-François Gérard

« Si quelqu’un s’arrête 10 secondes devant mon tableau, je considère que j’ai réussi, proclame l’artiste. La personne aura marqué une pause dans nos vies effrénées. » France Jodoin s’attarde pour Le Métropolitain sur son rapport à son travail lors du vernissage de sa nouvelle exposition. Les œuvres de l’artiste québécoise sont présentées pour la sixième fois à Toronto, toujours à la galerie Thompson Landry dans le quartier de La Distillerie.

L’exposition Retreat into Peace est un ensemble de 26 tableaux avec des variations dans le style impressionniste. Les thèmes couvrent des sujets tels que la mer et les figures, les arbres, les architectures, les bateaux, les fleurs ou encore les singes « où je mets une expression de la figure humaine », explique la peintre. Toutes ses œuvres contiennent une forme d’eau et l’on retrouve souvent des tonalités de bleu ou de gris.

Une des inspirations, un tableau avec un lac et un personnage, est venue par hasard cet été. « En me promenant, j’ai trouvé un casse-tête de 500 morceaux dans une friperie, où il y avait un coin déco », raconte France Jodoin. Le dessin et son atmosphère lui ont permis de dégager un fil conducteur pour une des séries. On retrouve aussi les silhouettes de Venise comme des plages et des ports plus abstraits. Ces scènes ordinaires amènent à se demander quelle est l’histoire de ce moment capturé.

Basée dans les cantons de l’Est au Québec, France Jodoin n’a pas fait d’école d’Art, et c’est ce qui fait l’originalité de sa technique. Elle détaille : « Je travaille sur deux ou trois toiles en même temps et je passe de l’une à l’autre. C’est instinctif, avec souvent trois séances par tableau. C’est comme cela que je trouve un sens pour chacun ».

L’artiste autodidacte utilise de la peinture à l’huile sur des toiles de lin de Belgique et se sert surtout de spatules. « Je mets des couleurs mélangées, puis j’efface et je reviens. Je dis souvent que je plonge, puis j’analyse », décrit France Jodoin, qui a vécu 25 ans en Ontario.

En procédant, par touches successives, corrections et améliorations, son objectif est d’apporter de la sérénité à travers ses œuvres. Un besoin qui lui semble d’autant plus pressant que « depuis deux ans, cela a l’air d’aller tellement mal partout ».

L’exposition Retreat into Peace se poursuit jusqu’au 15 octobre, mais devrait être prolongée.

Photo : L’artiste France Jodoin a résidé 25 ans en Ontario.