Jean-François Gérard
La Société d’histoire de Toronto n’a pas pour habitude de réunir ses adeptes un lundi soir. Mais la réouverture de la cathédrale Notre-Dame de Paris, le samedi 7 décembre, un peu plus de cinq ans après son incendie l’a poussée à programmer une rencontre au plus près de la date.
« Quand j’ai entendu Emmanuel Macron dire que Notre-Dame ouvrira en décembre, je me suis dit qu’il faut qu’on parle de Notre-Dame à Toronto », déclare Rolande Smith, pilier de l’association, en préambule. La rencontre s’est déroulée en présence du consul de France Bertrand Pous et du directeur de l’Alliance française Pierre-Emmanuel Jacob.
« L’année 2024 a été compliquée en France, mais il y a eu deux grands événements qui ont donné un visage fraternel et innovant : les Jeux olympiques et l’ouverture de Notre-Dame », glisse le consul Bertrand Pous en introduction. Il salue également que le pays a su « préserver ce savoir-faire autour des techniques traditionnelles » qui a permis la reconstruction à l’identique.
La conférence « d’hier à aujourd’hui » est donnée par Lise Roy, technologiste en architecture et designer à Toronto. Elle commence par le côté historique et la vision de l’évêque Maurice de Sully en 1163 qui voulait « retirer la séparation entre les fidèles et les religieux », dit-elle.
Le chantier a duré 182 ans et relève d’une « révolution au niveau de l’ingénierie » avec par exemple déjà un système de chauffage.
Une fois achevé, l’édifice a ensuite marqué la culture française et mondiale, que ce soit avec le couronnement de l’empereur Napoléon Bonaparte en 1804, le roman de Victor Hugo en 1831 puis son adaptation en dessin animé par Disney en 1996.
Le jour de l’incendie, c’est le fait d’avoir contenu le feu « au pied de deux poutres essentielles », qui a évité une destruction plus grande de l’édifice, explique Lise Roy.
La conférencière développe notamment une anecdote sur le tapis, vite retiré car endommagé par les flammes et l’eau. « Les restaurateurs ont découvert qu’il était infesté de mites ». Autrement, personne n’aurait détecté la présence des insectes qui dévoraient le tissu. « Le feu l’a sauvé », indique l’oratrice, avec toute l’ironie que cette phrase comporte.
Le chantier, mené par 250 entreprises et 2000 artisans du patrimoine, a permis des découvertes, comme en sarcophage en plomb ou des statuettes. Lise Roy insiste également sur le côté lumineux de l’intérieur, avec ses vitraux nettoyés. Quant à la restauration, elle a permis d’installer trois ruches d’abeilles auprès des rosaces. La conférence marquait le dernier événement de l’année de la SHT.
Photo : Lise Roy rappelle la vision de l’évêque de Sully en 1163.