Un groupe d’universitaires formé notamment de Laura Bisaillon, professeure à l’Université de Toronto à Scarborough et anthropologue-sociologue, et de Lorena Anton (Roumanie), ont lancé un vaste projet en décembre 2018 intitulé RedEd Afrique. Pour bien comprendre ce projet, il faut revenir au contexte social et politique de l’époque et tout particulièrement celui de l’Europe de l’Est et de l’Afrique.
Dans les années 1970-80, les pays de l’ancien bloc socialiste, c’est-à-dire les pays de l’Europe de l’Est ont développé des liens avec l’Afrique. « La Roumanie s’intéressait beaucoup au continent africain pour plusieurs raisons dont l’achat des ressources naturelles et la vente de ses produits. À ce moment-là, la Roumanie est encore considérée comme un pays en voie de développement, mais elle a de grandes ambitions », a indiqué Mme Bisaillon.
Une « amitié » c’est alors formée entre certains pays d’Afrique comme l’Éthiopie et la Roumanie, contrôlée à l’époque par le dictateur Ceausescu. Pour renforcer ces liens, des étudiants africains dont des Éthiopiens sont venus étudier en Roumanie. Pour s’insérer et suivre les cours, ils ont dû apprendre la langue locale.
Mais qu’est-il arrivé à ces étudiants? Laura Bisaillon n’est qu’au début de ses recherches, mais il est certain que beaucoup sont repartis dans leur pays d’origine, comme l’Éthiopie, n’ayant pas de visa à la fin de leurs études. Et pour cause, la Roumanie avait une politique anti-avortement et n’était pas en faveur, voire était même contre les unions mixtes malgré la présence étrangère. Cette société était sous constante surveillance. Cette politique de natalité a énormément influencé le pays. Cette étude intéressante montre l’emprise du pouvoir politique sur la vie des citoyens.
PHOTO: Laura Bisaillon présente son étude RedEd Afrique.