Un fort vent d’Est poussa les navires américains dans la baie de la rivière Humber le 26 avril 1813 au soir. C’est donc un peu à l’ouest de la ville de York, aujourd’hui Toronto, que Général de brigade Zebulon Pike ordonna à son premier régiment de débarquer aux toutes premières heures du 27 avril.
« Ils pouvaient sûrement voir les feux de nos ancêtres campés sur les bords de la rivière », explique Garry Sault, aîné Ojibway de la nation Mississauga de New Credit, aux quelque 300 personnes venues assister 200 ans plus tard à la cérémonie du lever du soleil.
Cet événement organisé par la ville de Toronto dans le cadre des cérémonies commémoratives de la guerre de 1812 avait pour objectif de souligner le rôle capital que les Autochtones jouèrent lors de la défense de York.
C’est alors que les premiers rayons du soleil commençaient à apparaître à la surface du lac Ontario qu’une délégation composée de chefs et d’aînés des tribus Mississauga et Chippewa entamèrent une cérémonie du lever du soleil en souvenir de leurs ancêtres qui périrent lors des premières heures de la bataille.
« Nous obtenons enfin aujourd’hui la reconnaissance qui nous est due, reconnaît Bryan LaForme, chef des Mississaugas de New Credit. Durant la guerre de 1812, ce sont les Autochtones qui sauvèrent le Canada. » Chef LaForme déplore bien entendu les promesses qui furent faites à ses ancêtres en échange de leur assistance à défendre la couronne britannique au Canada, promesses qui restèrent malheureusement sans suite.
Les Premières nations pratiquent le rituel du lever du soleil afin de remercier le Créateur de nous donner la vie au commencement d’un jour nouveau. Après avoir allumé l’herbe fumante et s’être tourné vers les quatre points cardinaux, Garry Sault demanda alors à son épouse Tina Sault d’offrir de l’eau aux participants. Celle-ci expliqua que les femmes sont les gardiennes de l’eau dans la tradition amérindienne. Des offrandes de fraises et de bleuets suivirent, symbolisant respectivement la femme et l’homme.
Surpassés en nombre, les guerriers autochtones ne purent résister à l’envahisseur. Des renforts du Fort York ne vinrent jamais. Chef Yellowhead fut parmi les cinq chefs qui périrent lors du combat. Ils durent alors se replier sur le Fort York qui se trouvait à environ quatre kilomètres de là.
Les guerriers des Premières nations furent les premiers aux côtés de quelques soldats britanniques à subir de lourdes pertes durant la bataille de York. Tout naturellement, c’est leur sacrifice que l’on choisit de se souvenir en premier lors de cette journée de commémorations.
Photo : Le chef Bryan Laforme (à droite) avec Tina et Garry Sault lors de la cérémonie