Jean-Benoit Legault

La prise quotidienne de suppléments de fibres a amélioré en seulement 12 semaines le fonctionnement du cerveau d’individus âgés de 60 ans et plus, a constaté une étude britannique. Les chercheurs du King’s College London ont remarqué que ces suppléments modifiaient en profondeur le microbiote intestinal des participants, notamment en augmentant la quantité de certaines bactéries jugées « bénéfiques ».

« C’est intéressant de voir qu’ils ont pu observer ces différences-là avec une intervention qui est quand même assez douce, a commenté le professeur Frédéric Calon, de la faculté de pharmacie de l’Université Laval. C’est une intervention qui est à la portée de tout le monde. »

Les auteurs de l’étude ont recruté 36 paires de jumeaux âgés de plus de 60 ans pour leur étude. Un jumeau a reçu un supplément de fibres chaque jour et l’autre a reçu un placebo. Ni les chercheurs ni les participants ne savaient qui recevait quoi.

Au bout de 12 semaines, les sujets ayant reçu le supplément de fibres présentaient une performance supérieure lors de tests visant à mesurer la fonction cérébrale, le temps de réaction et la vitesse de traitement. Ces fonctions sont importantes dans la vie de tous les jours et pourraient, par exemple, permettre de se rétablir à temps pour prévenir une chute.

Et même s’il n’est pas possible, pour le moment, d’établir un lien de causalité direct entre les changements au microbiote et les améliorations cognitives constatées, les observations restent intrigantes, estiment les auteurs de l’étude.

« Des recherches récentes suggèrent que le microbiote intestinal pourrait jouer un rôle important dans le fonctionnement cognitif et physique au cours du vieillissement, peut-on ainsi lire dans Nature Communications. En outre, les preuves de l’existence de l’axe intestin-cerveau se multiplient, y compris les preuves préliminaires d’un effet bénéfique de la supplémentation en prébiotiques sur la cognition. Ainsi, le microbiote intestinal pourrait représenter une cible thérapeutique malléable pour la prévention et l’inversion de la perte musculaire avec l’âge et le déclin de la cognition associé à l’âge. »

Les participants à l’étude qui ont reçu le supplément de fibres ont également reçu deux probiotiques, l’inuline et le FOS. Certains d’entre eux ont ensuite rapporté avoir légèrement moins mangé, et donc réduit leur apport calorique. C’est possiblement là que se cache le mécanisme responsable des bienfaits cognitifs observés, a souligné le professeur Calon.

« (Les sujets) auraient mangé un peu moins de gras, un peu moins de nourriture dense en énergie, a-t-il expliqué. Et à ce moment-là, peut-être que c’est ça qui a contribué à l’effet sur la cognition. C’est une hypothèse, mais on a fait beaucoup de travaux sur des modèles animaux dans lesquels on montre bien que lorsque des animaux mangent trop de gras, leurs capacités cognitives diminuent. »

L’étude a utilisé des suppléments de fibres, « mais on pourrait probablement obtenir le même genre de résultats avec une alimentation riche en fibres solubles », a-t-il ajouté.

« Ce n’est pas seulement avec des suppléments, a conclu le professeur Calon. Ce n’est pas démontré dans l’étude, mais peut-être qu’on pourrait obtenir des bénéfices simplement en améliorant l’alimentation normale. »

Les fèves, les choux de Bruxelles, le brocoli, les carottes, les patates douces, les poires, les pommes, les figues, les avocats, les graines de tournesol, les noisettes, l’avoine et l’orge sont des exemples d’aliments riches en fibres solubles.

Les conclusions de cette étude ont été publiées par le journal Nature Communications.

Source : La Presse canadienne