Richard Caumartin
Le Club canadien de Toronto (CCT) présentait son dernier cocktail conférence de 2024 le 5 décembre à l’Aperture Room sur le thème « Voix de la jeunesse francophone en Ontario : parcours, défis et avenir ». Le sujet de cette rencontre semblait des plus intéressants pour la communauté qui s’est déplacée en grand nombre à cette activité de fin d’année avec 140 participants.
Pour cette discussion, le Club avait invité quatre anciens élèves des conseils scolaires francophones pour partager leurs expériences et mettre en lumière les réussites et enjeux de l’éducation francophone en Ontario. Il s’agit de Gabrielle Forget (étudiante au doctorat à l’Université de Toronto), Michael Norris (gestionnaire de développement), Sandra Kemzang (étudiante à l’Université d’Ottawa) et Sophie Filion (élève de 12e année à l’école secondaire Saint-Jean-de-Brébeuf à Welland).
Lors de cette soirée au cours de laquelle les membres ont célébré également l’arrivée des Fêtes, le président du Club canadien, Olivier Potier, en a profité pour lancer officiellement la huitième édition des Prix RelèveON. Il a informé le public que pour soumettre des candidatures, toute l’information est disponible sur le site releveon.ca.
Plusieurs personnalités étaient invitées, dont Edith Dumont, lieutenante-gouverneure de l’Ontario, Roda Muse, sous-ministre aux Affaires francophones, Robert Demers, président de l’AFOCSC, et Gabrielle Lemieux, présidente de l’AEFO.
La modératrice était Sarah Tomlinson, journaliste torontoise multiplateforme pour Radio-Canada et CBC. Avant de se joindre au diffuseur public, elle était étudiante en journalisme à l’Université métropolitaine de Toronto et a complété ses études secondaires à l’école catholique Saint-Frère-André.
Gabrielle Forget a parlé du fait qu’après avoir enseigné pendant deux ans en immersion française, elle est retournée aux études pour obtenir un doctorat dans le domaine de l’éducation des langues et littéracies afin d’étudier l’immersion française en Ontario.
Quant à Michael Norris, il a fait ses études secondaires au Conseil scolaire Viamonde. « Nous avons beaucoup parlé des atouts ou avantages que l’éducation de langue française apporte en général, raconte M. Norris. Pour moi, je suis francophile et j’ai appris le français en immersion de la première à la 6e année. Puis j’ai passé par un comité d’admission pour aller à l’école secondaire au Conseil scolaire Viamonde. Il s’agit d’un examen écrit et d’un entretien avec l’élève et ses parents, et les miens ne parlaient pas français. J’ai dû coacher mes parents pendant une semaine pour répondre à de simples questions, ce qui était loufoque. Je me souviendrai toujours lorsque mon père s’est assis sur la chaise de la direction et le directeur lui a demandé comment il allait. Il était tout rouge et se demandait ce qu’il faisait dans cette école alors qu’il ne comprenait pas cette langue. Nous en rions encore aujourd’hui. »
Il a expliqué que l’éducation en langue française lui a beaucoup apporté. « En immersion, on apprend à lire et à écrire en français, poursuit-il. Mais à l’école française, tu apprends la culture, l’identité et à vivre en français. C’est pour cela que je suis toujours impliqué dans la francophonie et que mon équipe au travail est bilingue! »
Parmi les défis qu’il a rencontrés, son niveau de français en 7e année n’était pas très avancé. Il avait de la difficulté à communiquer oralement et ses parents ne pouvaient pas l’aider avec ses devoirs. « Il fallait être beaucoup plus autonome, mais en contrepartie, il y avait beaucoup de ressources qui pouvaient m’aider. La FESFO en est un bel exemple. L’autre défi sur lequel on s’est arrêté durant cette discussion est le fait qu’il y a beaucoup d’anglais parlé dans les couloirs des écoles françaises. Cela démontre l’importance de développer la fierté de s’exprimer en français et le sentiment d’appartenance à la communauté francophone », conclut Michael Norris.
Sandra Kemzang a raconté qu’à son arrivée au Canada, elle ne parlait pas un mot d’anglais mais elle l’a appris ici. Elle a partagé avec le public qu’elle « trouve étrange que les francophones envoient leurs enfants dans les écoles anglaises pour apprendre cette langue alors qu’ils l’apprennent aussi facilement dans les écoles françaises ».
Puis Sophie Filion a parlé de l’importance d’être engagée dans le bénévolat et la vie communautaire. Membre du conseil d’élèves de son école secondaire, elle a participé à divers événements telle que la collecte pour les coquelicots avec la Légion de Welland, le festival de la Saint-Jean-Baptiste et le Carnaval d’hiver du Club Richelieu.
« Les gens ont adoré avoir la plus jeune table ronde de l’histoire du Club canadien et ce fut une soirée festive, agréable et un franc succès pour terminer notre saison », conclut le directeur général, Alexis Maquin. Les activités de l’organisme reprendront le 30 janvier avec « Entreprendre et transformer : Le leadership féminin en action » au prestigieux Carlu.
Photo (CCT) : La discussion sur les enjeux de l’éducation en français a fait salle comble.