Les mésaventures de la marionnette du menuisier italien ont toujours la cote. Il faut dire que ses thématiques universelles font que ce conte traverse les âges sans prendre une ride, et le public semble avoir toujours autant de plaisir à écouter les paroles de celui qui veut devenir « un vrai petit garçon ». Deux représentations en français du spectacle Pinocchio, interprété par la troupe du Théâtre Tout à Trac, auront lieu les 4 et 11 mars à 13 h au Young People’s Theatre.

Le metteur en scène Hugo Bélanger fête cette année ses 20 ans de métier et ses 17 années à la tête de sa compagnie. Axées principalement sur le jeune public, ses productions n’excluent toutefois pas les adultes ni les adolescents, et il arrive parfois que deux versions d’un même spectacle soit préparées, afin de satisfaire une large audience. « J’ai travaillé dans toutes les sortes d’art », affirme le professionnel qui a déjà œuvré pour le Cirque du Soleil. Pour sa pièce Pinocchio, qui a déjà rencontré un fort succès puisqu’elle en est déjà à sa 250e représentation, les thèmes décrits sont encore très actuels selon lui : « Il s’agit du passage de l’enfant à l’âge adulte, de notre part de responsabilité dans les choix que nous faisons. Contrairement au personnage de Disney, Pinocchio est ici plus agaçant. » Au travers de ses rencontres et de ses décisions, le message qui se dégage serait : « Éduquez-vous, évitez les chemins faciles, il faut se faire soi-même », explique-t-il.

D’ordinaire plus attiré par l’univers d’un conte, il s’est ici laissé séduire par les personnages de Pinocchio et de Gepetto, qui ne veut pas d’enfant. « Une machine qui veut devenir un humain, c’est un message différent dans une société qui se déshumanise. C’est un thème intéressant à une époque où tout est instantané. » Le chant est un élément sur lequel M. Bélanger a focalisé toute son attention : « Il est utilisé comme un moyen de séduction, il s’agit de tromper les gens par la chanson, dit-il. Les personnages les plus colorés semblent être les plus intéressants mais ils ne sont pas les meilleurs. »

Le plus grand défi de M. Bélanger pour parvenir à réaliser cette pièce fut la problématique du fameux criquet moralisateur, qui tente de garder Pinocchio sur le droit chemin. Le personnage étant extrêmement petit, il fallait trouver un moyen de le rendre visible tout en donnant l’impression au spectateur qu’il s’agit là d’un insecte. Finalement, le compromis trouvé fut d’attribuer le rôle à un acteur qui fait également le marionnettiste tout en portant un masque à antennes. Pinocchio quant à lui est une marionnette que l’on voit à un coin d’une fenêtre : « Il faut que l’enfant la voit de ses yeux, ajoute-t-il, c’est une image qui signifie « avant j’étais une marionnette ». Ici, le terme marionnette désigne une personne manipulée, qui n’a pas pris son destin en main.

Les projets de la troupe se succèdent, et les précédents succès tels que Alice aux pays des merveilles continuent leurs tournées. Au mois d’avril, une pièce intitulée Le Tour du monde en 80 jours et inspirée de la célèbre œuvre de Jules Verne commencera sa tournée tandis que l’an prochain ce sera au tour du Baron de Münchhausen de se voir adapté au théâtre dans deux versions distinctes : l’une pour enfants, l’autre pour adultes.