Richard Caumartin
Carassauga, le plus grand festival multiculturel des cultures de la province, présentait sa 40e édition les 24 et 25 mai sur 5 différents sites à Mississauga. Une occasion exceptionnelle pour les visiteurs de faire en deux jours un voyage autour du monde à travers la gastronomie, la musique, la danse et les traditions.
Pour le Pavillon Afrique, géré par People of Motherland, il s’agissait d’une 20e invitation pour le public de vibrer au rythme du continent africain, savourer ses saveurs et se laisser envoûter par sa magie. Deux pays étaient à l’honneur cette année : l’Éthiopie, terre d’anciens empires et de traditions millénaires, et l’Île Maurice, paradis tropical mêlant influences africaines, indiennes et européennes.
« Nous célébrons un parcours remarquable : 20 ans d’unité, de créativité et d’objectifs communs, déclare Georgette Amihere, cofondatrice et directrice générale du Pavillon Afrique. Notre thème Un continent, plusieurs histoires rappelle que la force de l’Afrique réside dans sa diversité. Chaque voix, chaque tradition, chaque innovation contribue à un ensemble plus riche et plus vivant. Au Pavillon Afrique, les visiteurs ressentent les battements de cœur de notre passé, l’énergie de notre présent et la promesse de notre avenir, ensemble. »
L’Afrique partageait l’espace au Bowl principal de Centre Paramount Fine Foods à Mississauga avec Hawaï et l’Iraq. Au programme des activités, des cercles de tambours vibrants et la présence de l’un des premiers artistes à s’illustrer sur la scène du Pavillon il y a 20 ans, le griot et maître du djembé Amadou Kienou. Ce dernier a d’ailleurs fait vivre beaucoup d’émotions à la maîtresse de cérémonie Justine Gogoua et Georgette Amihere en interprétant une chanson en africain qu’il a écrit pour rendre hommage à l’autre fondatrice décédée en 2022, Olga Lambert. Un moment charnière et poignant de la journée du samedi.
« Ça fait trois ans que je participe à cet événement et je m’aperçois qu’il y a beaucoup plus d’engouement pour le Pavillon Afrique, assure Viviane Sinan, présidente de People of Motherland. Pendant longtemps, les gens voyaient l’Afrique comme juste un pays. Mais avec tous les efforts que notre groupe a fait chaque année en mettant l’accent sur plusieurs pays hôtes, il y a une réelle prise de conscience sur ce que représente l’Afrique, la diversité et son potentiel.
« Récemment, nous avons fait de réels progrès dans notre organisme. Je suis d’une génération plus jeune que celles qui ont fondé ce Pavillon, et je trouve que c’est une bonne combinaison. Elles nous partagent leurs parcours, leurs expériences et nous, on ajoute tout ce qu’on a de nouveau à offrir. On met tout cela ensemble pour un seul but, promouvoir la culture africaine. Mon souhait pour ce 20e anniversaire serait que le Pavillon Afrique soit plus grand, que nous ayons plus d’espace pour faire la promotion des 54 pays du continent, poursuit Mme Sinan.
« Chaque année, nous essayons de donner l’opportunité à deux ou trois pays mais imaginez si nous n’avions pas à partager cette aréna avec d’autres communautés, toute la panoplie d’éléments que nous pourrions présenter. Donc le rêve, c’est que notre pavillon occupe tout un auditorium. »
Elle a confié au Métropolitain qu’une autre idée serait d’avoir un pavillon mobile pour participer à d’autres festivals multiculturels dans la grande région de Toronto.
Ce qui est encourageant pour l’organisme est que les dirigeants ont su au fil des ans transmettre leur amour du continent africain aux nouvelles générations. Cette réalité était palpable lors de cette édition avec la présence de nombreux adolescents et jeunes adultes bénévoles qui ont mis la main à la pâte pour assurer le succès de ce pavillon.
Justine Gogoua était l’une des trois femmes bénévoles qui a aidé à mettre sur pied ce pavillon il y a deux décennies. « Quand je regarde cette aventure, je me dis que nous avons posé une pierre de la valorisation de la culture africaine dans son ensemble, explique la maîtresse de cérémonie. Nous avons tracé un chemin sur lequel aujourd’hui nos enfants et la nouvelle génération d’immigrants francophones africains peuvent transmettre. Nous avons eu le courage de porter très haut les valeurs culturelles africaines et artistiques.
« Il y a 20 ans, ce n’était pas facile. Il y avait une Georgette Amihere, une Olga Lambert et une Justine Gogoua, trois femmes qui avaient de la folie et qui ont embarqué leurs enfants dans cette aventure parce qu’elles n’avaient pas de bénévoles. J’étais à la fois artiste, directrice artistique, cuisinière et bénévole.
« C’est une fierté d’accomplissement aujourd’hui. Mes plus beaux souvenirs sont lorsque l’on s’assoyait Olga, Georgette et moi à des heures incroyables entre des feuilles de planification artistique en train de rêver grand et de dire « tu vas voir dans quelques années, les gens vont courir pour être membre de notre pavillon », raconte Justine Gogoua.
« Nous étions naïves mais nous y avons cru. Aujourd’hui, je dis merci à tous ceux qui sont là depuis le début, qui ont cru en nous et qui ont embarqué dans cette folie. Je ressens beaucoup de gratitude. »
Pour souligner cet anniversaire, les organisateurs ont coupé le gâteau et en ont offert un morceau à tous les bénévoles. Des milliers de personnes ont visité le site et ont goûté aux nombreuses richesses de la culture africaine.
Photo : Les responsables du succès du Pavillon Afrique entourent Georgette Amihere et Justine Gogoua (au centre) pour la coupe du gâteau anniversaire.