Lassés de se faire confisquer leur vaisselle en or ou en argent par le roi Louis XV et de voir leurs plus beaux objets finir en pièces de monnaie afin de renflouer les coffres du royaume, les nobles français se tournèrent vers la céramique. La faïence offrait alors une option moins onéreuse que la porcelaine.

Née en Asie et puis développée  par la suite en Italie à la Renaissance, cette technique qui consiste à recouvrir des poteries en terre cuite d’une fine couche d’émail à base d’étain prit son essor en France au XVIIe siècle sous le règne de Louis XIV. Cette fiche couche d’émail rend la poterie moins poreuse et fait ressortir les couleurs des motifs décoratifs de façon plus vive.

Le processus de cuisson séparée de l’argile et de l’émail fait cependant que la faïence est plus fragile que sa cousine la porcelaine. La porcelaine est quant à elle fabriquée à partir d’une pâte faite d’un mélange d’argile et de kaolin, une forme d’argile blanche contenant du kaolinite, pour être ensuite versée dans un moule et cuite à plus de 1200 °C.

Le Musée Gardiner présente jusqu’au 5 janvier 2014 une quarantaine de beaux spécimens de faïence issus de plusieurs écoles françaises. Ces pièces ont été léguées au musée par Pierre Karch et Mariel O’Neill-Karch. Le Musée Gardiner peut désormais s’enorgueillir de posséder une des plus belles collections publiques de faïence française en Amérique du nord.

C’est au cours du XVIIIe siècle que l’art de la faïence va connaître un rapide essor en France, résultant avec la création de plusieurs centres comme Nevers, Marseille, Rouen, Sceaux, Moulin, Moustiers et Strasbourg. Peu à peu, les grandes familles françaises vont commander des pièces arborant leurs propres armoiries.

 Des motifs sur un bon nombre de pièces présentes à l’exposition trahissent cependant les origines orientales de la faïence. On se rend ainsi compte combien les Européens étaient friands de l’Extrême-Orient, contrée perçue comme exotique à l’époque. Les personnages aussi bien que les paysages représentés sur les grands vases décoratifs, les cruches, les assiettes ou les plats semblent venir tout droit du Japon ou de la Chine.

Il fallut attendre la découverte de sources de kaolin en Allemagne et à Limoges vers la fin du XVIIe siècle pour voir la porcelaine devenir plus abordable et supplanter peu à peu la faïence. Il demeure néanmoins que les pièces de faïence exposées au Musée Gardiner constituent un précieux témoignage des goûts et des techniques en vigueur en France aux XVIIe et XVIIIe siècles.

Pour plus de renseignements sur le Musée Gardiner : www.gardinermuseum.on.ca.

Photo : Plat montrant un paysage exotique.