Quand on demande à Kathleen Verret ce qui définit son art, elle répond que ce sont les couleurs prégnantes, une gestuelle structurante et une constante recherche de l’épuration qui lui viennent à l’esprit. Kathleen Verret expose actuellement une série de grands tableaux intitulée Terres arables à la galerie de l’ouest de la ville Gallery 1313.

Terres arables consiste en une dizaine de très grands tableaux représentant des champs colorés et fertiles où des formes abstraites blanches et noires semblent ressortir en relief sur des fonds de couleur pastel. Le travail est effectué à l’acrylique, au graphite et aux bâtons d’huile sur de la toile.

Kathleen explique qu’elle travaille un peu à la manière d’un sculpteur en entretenant un rapport physique intense avec l’œuvre en court de réalisation. À partir d’une intention initiale, elle se laisse ensuite guider par l’intuition et une gestuelle intense. Si l’acte de création est rapide et se manifeste un peu comme un véritable abandon d’énergie, elle effectue néanmoins de longues pauses de réflexion. Elle se surprend souvent à même vaciller entre le dessin et la peinture, laissant çà et là sur le canevas des traces du cheminement créatif. Détentrice d’une maîtrise en arts visuels, Kathleen a peu réfléchir, approfondir et « épurer » sa technique avec le temps.

Ses œuvres ont déjà fait l’objet d’expositions en groupe ou en solo au Québec. Terres arables représente sa première expérience torontoise. « Je me sens vraiment bien ici à Toronto, confie Kathleen Verret. J’ai vu pas mal de choses dans les galeries qui me plaisent beaucoup. Je suis actuellement en pourparlers pour un autre projet dans la Ville reine. »

Dans une salle adjacente, Darcia Labrosse, autre artiste de La Belle Province, présente sa toute première exposition Metal Language. « À la fin, j’ai vraiment l’impression qu’une âme ressort du four! », confie-t-elle.

C’est en ces termes que Darcia Labrosse décrit la phase ultime de son processus de création. Il faut bien avouer que sa façon de procéder sort pour le moins de l’ordinaire. Sa technique de peinture électrostatique sur métal lui requiert de travailler encapsulée dans un scaphandre et de manier un pistolet chargé d’électricité qui projette de la poudre sur une tôle, elle aussi sous-tension. Cette technique est habituellement employée pour protéger et peindre les portes, les fenêtres ou les toits à l’extérieur. Si le processus ressort assurément du domaine industriel, le produit quant à lui appartient bel et bien aux beaux-arts. Son studio se résume en une cabine de peinture installée au beau milieu d’une usine qui se spécialise dans le revêtement architectural.

Fascinée par les multiples contorsions et formes du corps humain, les œuvres de Darcia Labrosse montrent des silhouettes humaines qui semblent se fondre avec l’arrière-plan. La texture métallique de la peinture, l’utilisation de rivets et l’approche intuitive et expérimentale de la technique employée produisent des effets bien particuliers. Chaque création est ensuite passée au four, étape qui là encore produit des résultats parfois inattendus.

Darcia Labrosse avoue que le côté opprimant de l’environnement industriel dans lequel elle est contrainte de travailler lui plaît énormément. Elle a appris toutefois à laisser libre cours à son instinct tout en composant avec le bruit et les multiples distractions qui surviennent autour d’elle. Kathleen Verret et Darcia Labrosse exposent leurs œuvres à la Gallery 1313 jusqu’au 15 septembre. Pour plus de renseignements sur cette exposition : www.g1313.org.

Photo : Kathleen Verret