Christiane Beaupré

Quand je suis arrivée à Toronto en 1973, la communauté francophone n’avait pas encore de drapeau pour se reconnaître et s’affirmer. Deux ans plus tard, à Sudbury, naissait un symbole appelé à devenir l’un des emblèmes les plus puissants de notre identité : le drapeau franco-ontarien.

Depuis mes premiers pas en Ontario, j’ai toujours parlé et travaillé en français. À mon arrivée, un ami m’a dirigée vers Radio-Canada, où j’ai eu le privilège de collaborer pendant quelques années. Plus tard, j’ai rejoint TVOntario – La Chaîne, devenue TFO, où mes fonctions m’ont permis de rester en contact avec la francophonie, non seulement à Toronto mais bien souvent à travers toute la province. J’ai aussi poursuivi mes études au Collège Glendon de l’Université York en études françaises, avant de travailler quelques années en traduction pour une multinationale. Depuis le tournant du siècle, c’est au journal Le Métropolitain de Toronto que je continue de m’engager, couvrant chaque année, avec fierté, les activités entourant le drapeau franco-ontarien dans le centre-sud de l’Ontario.

Ce drapeau, hissé pour la première fois le 25 septembre 1975 à Sudbury, a été imaginé par Gaétan Gervais et Michel Dupuis. Ses symboles parlent d’eux-mêmes : le lys blanc représente la francophonie, et le trille, fleur emblématique de l’Ontario, incarne l’appartenance à cette province. Ensemble, ils traduisent l’équilibre entre nos racines francophones et notre enracinement ontarien.

Depuis sa création, ce drapeau a accompagné tous les grands acquis de la communauté. Les francophones ont obtenu des institutions postsecondaires de premier plan, comme le Collège Boréal, La Cité et l’Université de l’Ontario français. Ils ont consolidé leurs droits juridiques, assuré des régions désignées en vertu de la Loi sur les services en français, renforcé l’accès à des soins de santé en français et multiplié les espaces de culture et de visibilité. D’autres symboles officiels se sont ajoutés, dont la chanson Notre Place, devenue hymne de ralliement, et la reconnaissance de la Journée des Franco-Ontariennes et des Franco-Ontariens.

Le 25 septembre 2025, la boucle sera bouclée à Sudbury, là où tout a commencé. La communauté franco-ontarienne s’y retrouvera pour un grand rassemblement, avec des célébrations à la hauteur de l’histoire du drapeau. Partout ailleurs, dans chaque ville, village ou municipalité, des Franco-Ontariennes et des Franco-Ontariens se rassembleront également pour hisser les couleurs vert et blanc et célébrer ce 50e anniversaire.

Cinquante ans, c’est une étape mémorable. Pour moi, arrivée en Ontario juste avant que ce symbole voie le jour, le drapeau franco-ontarien reste plus qu’un emblème : il est le fil conducteur d’une vie professionnelle et personnelle entièrement vécue en français, au cœur d’une communauté résiliente et fière. Cet anniversaire sera sans doute gravé dans les mémoires comme un jalon marquant de notre histoire collective et un tremplin vers l’avenir.

À tous les francophones – ainsi qu’à celles et ceux qui ont toujours défendu les intérêts et les causes des francophones – dont j’ai croisé le chemin au fil de ces années, je souhaite un très beau 50e anniversaire du drapeau franco-ontarien.