Figure emblématique de la scène théâtrale parisienne du milieu du XXe siècle, Eugène Ionesco a influencé plusieurs générations de dramaturges, principalement avec ses deux œuvres majeures : La Cantatrice chauve et Rhinocéros. Un maître de l’absurde qui continue d’inspirer bon nombre de comédiens et de comédiennes, comme Véronique Auger-Drolet. Professionnelle torontoise de la comédie et présidente de la jeune société de production Créations VAD, elle présente son premier spectacle le 23 mai, à l’Alliance française de Toronto.
Intitulée Projet Ionesco, cette production est un montage de plusieurs scènes, plus ou moins connues, issues des pièces du célèbre écrivain. « Au début, je voulais faire un projet avec une amie et on se disait que, peut-être, on pouvait l’écrire. Puis, finalement, on s’est rejointes sur Ionesco », explique Mme Auger-Drolet. Ainsi, c’est sous la gouverne de Patricia Marceau, metteuse en scène du Projet Ionesco, qu’elle a retrouvé le comédien Nicolas Van Burek sur les planches afin d’interpréter les 12 personnages que comptent le spectacle. « C’est un véritable défi, on se ramasse dans un grand délire, et c’est parfois difficile de parvenir à changer de personnages », ajoute-t-elle.
Des séances de travail d’autant plus ardues qu’elles furent marquées par la grossesse difficile de Véronique Auger-Drolet. Une expérience qui a profondément secoué la productrice, puisqu’elle en fut atteinte de dépression dites
« post-partum » ou « syndrome du troisième jour », un état psychologique fragile qui suit l’accouchement. « Pendant ma grossesse, j’avais pris des engagements, je devais trouver des acteurs, explique-t-elle. Je recommande le théâtre aux dépressifs, car c’est comme une thérapie. »
Le faible nombre d’heures de sommeil qui suivirent cet évènement, l’un des fardeaux de toute nouvelle maman, a rendu les répétitions plus compliquées. « C’est un métier où il faut être à 100 % et, dans ce cas-là, c’est difficile d’être logique, de se concentrer, confirme-t-elle. En même temps, ça m’a fait découvrir un nouveau monde. C’est fou tout ce qu’on peut faire en dormant si peu. »
L’enthousiasme se trouve en tout cas au bout du chemin : « C’est vraiment incroyable de travailler sur ce projet-là, c’est super intéressant, s’exclame-t-elle. J’ai eu des doutes, mais plus je répète, plus je me rends compte que ça va être bien. » Des paroles de bon augure pour la première production de cette nouvelle société torontoise, qui craignait à son lancement en janvier dernier de ne pas trouver de public dans la Ville reine.
Le Projet Ionesco aura lieu le 23 mai à 19 h dans la nouvelle salle de l’Alliance française, disposant de 148 places, et qui sera inaugurée dans quelques jours.