Richard Caumartin

Les membres et amis de la Société d’histoire de Toronto (SHT) ont participé, le 8 mai dernier, à la 37e assemblée générale annuelle (AGA) de l’organisme au site historique de la Maison John McKenzie sur l’avenue Parkview.

Au programme pour la partie culturelle traditionnelle de l’AGA, le nouveau directeur général de la Ontario Historical Society, Daniel Dishaw a présenté l’histoire de la maison John McKenzie construite en 1913. L’histoire remonte à 1884 alors qu’un immigrant anglophone du nom de Phillip McKenzie déménage de Oak Ridges à Willowdale et achète une terre de 144 acres pour élever des vaches Holstein et faire pousser du grain.

Lorsque Phillip décède d’une pneumonie en 1901, il laisse sa terre à son plus jeune fils, John McKenzie. Ce dernier a géré la ferme avec ses frères William et George pendant une dizaine d’années jusqu’à temps que ce ne soit plus rentable à cause des taux de taxation élevés causés par le développement rapide de Toronto autour de leur terre et de la rue Yonge.

John et George décident font alors des affaires ensemble et vendent des matériaux de construction à Willowdale. Avec la fortune qu’il a amassée en vendant la terre familiale et les matériaux de construction, John a bâti une luxurieuse maison pour sa famille. Cette demeure pouvait être décrite de style édouardien, artisanal et néo-Queen Anne. C’est cette maison qui a été sauvée de la démolition au début des années 1990 par la Ontario Historical Society et restaurée pendant cinq ans jusqu’en 1998, date à laquelle la John McKenzie House était finalement conforme aux normes de la municipalité.

En 2013, une servitude pour la conservation du patrimoine a été signée avec la Fiducie du patrimoine ontarien qui protège cette maison et son voisinage contre tout développement futur du quartier. Une présentation très intéressante que les participants ont grandement appréciée.

Par la suite, la vice-présidente de la SHT, Christine Pilotte, a d’abord rendu hommage à la contribution exceptionnelle de l’historienne Lisette Mallet, décédée en janvier dernier. L’ancienne présidente a, sur trois décennies, occupé tous les postes au sein du conseil d’administration et son travail a permis la désignation de la rivière Humber comme rivière du patrimoine canadien, et la création en 2011 du Sentier partagé le long de cette même cours d’eau, le premier parc historique à Toronto pleinement bilingue qui honore les trois peuples fondateurs : Autochtones, Français et Britanniques.

Mme Pilotte a ensuite fait part du rapport d’activités de la dernière année en faisant un parallèle intéressant avec l’histoire. « Récemment, je me suis attardée à des réflexions des voyages de Cavelier de La Salle et son navire Le Griffon. Il y a des siècles que cette embarcation naviguait sur les Grands Lacs. Malgré le roc qui l’a percutée, les passagers ont tout de même survécu. Il en va ainsi pour nous, car malgré la pandémie qui nous a frappé de plein fouet, notre survie semble assurée. Au fait, tout comme le Griffon mythique, nous refaisons courageusement surface. Malgré la disparition tragique de notre ancienne présidente, nous avançons dans nos explorations. En virtuel ou en présentiel, nous avons écouté des histoires de notre passé collectif telles les filles à marier, la tradition orale de Germain Lemieux et les histoires de nos frères acadiens. De là, nous avons donné un coup d’œil aux arts visuels, depuis les couleurs variées de l’art copte aux formes découpées des paysages de Lauren Harris. Nous avons vu beaucoup de belles choses! »

« Pour beaucoup de citoyens, la pandémie a fait redécouvrir les grands espaces. Nous nous sommes activés en visitant la Nécropole, ensuite les merveilles géologiques aux gorges de Scarborough et à la rivière Rouge. Avec l’arrivée du printemps, la présence publique sera revivifiée avec un nouveau site web et rendre ce projet à terme est en quelque sorte un hommage à Mme Mallet qui l’a conçu et fait la demande auprès de la Fondation Trillium. Contre vents et marées, nous avançons à la découverte de notre passé et du présent de nos communautés venues d’ici ou d’ailleurs. »

Parmi les points positifs de ce rapport, les adhésions à la SHT ont augmenté de 42 % par rapport à 2021, après deux années de stagnation. En fin de rencontre, la période d’élection a permis aux administrateurs en fin de mandat d’être réélus par acclamation et à Mathieu Torres, un nouveau membre, de joindre le conseil d’administration.

La prochaine conférence de la SHT aura lieu le 14 juin au théâtre de l’Alliance française de Toronto. La fondatrice de l’organisme, Danièle Caloz fera un exposé ayant pour thème : Heidi, la nostalgie et nous.

Photo : Le conseil d’administration de la SHT. De gauche à droite : (devant) Lynn Biscott, Christine Pilotte, Sylvie Wieler et Nicole Baboulène; (derrière) Rolande Smith, Mathieu Torres, Christian Bode et Catherine Frelin