Peintre en art figuratif, Karole Marois habite dans le comté de Prince-Édouard, le long du lac Ontario, où elle explore la condition humaine comme thème principal de ses œuvres artistiques.

« Combinant ma passion pour la représentation de la forme humaine et mon amour de la nature, ma peinture se concentre sur notre lien profond avec l’eau pour exprimer des idées d’harmonie, de solidarité, d’amour et de survie émotionnelle », explique-t-elle. L’eau sous ses différentes formes comme la glace et la neige, des incontournables canadiens.

C’est à l’âge de 17 ans qu’elle quitte sa ville natale, Ottawa, pour aller étudier à l’Université OCAD, autrefois le Ontario College of Arts and Design. Elle est également titulaire d’un diplôme de l’Académie des beaux-arts de Florence, en Italie.

« Ma spécialité – peindre le visage humain – m’a permis de travailler comme portraitiste, professeure de portrait et dessinatrice judiciaire, tout en poursuivant une carrière d’artiste », partage-t-elle à propos de son parcours. Ainsi, elle a pu naviguer entre peindre des murales patrimoniales canadiennes et exposer ses propres œuvres à travers le Canada.

Alors, pourquoi la neige? « J’aime beaucoup le silence et la tranquillité de l’espace blanc dans un tableau. Comme dans la vie, j’aime les espaces où on peut respirer, décrit Mme Marois.

« Dans le creux de l’hiver, à la fin du temps des fêtes, il est bon de pouvoir trouver une lueur de positivité et même une beauté au froid interminable et à la couverture blanche qui règne en maître en Ontario. »

Karole Marois a connu plusieurs hivers extrêmes dans sa jeunesse et maintenant des hivers beaucoup plus doux dans sa nouvelle région. « L’hiver canadien, il faut le respecter, avec ses hauts et ses bas. Sa beauté peut aussi être dangereuse. C’est comme l’océan », affirme-t-elle.

En 2021, la peintre a présenté une exposition intitulée Quand la glace brise, une série de tableaux à l’acrylique, dans lesquels la transparence permet d’explorer le concept d’interconnexion.

Eyes can talk, une des toiles de la collection, présente un portrait d’humain qui se fond avec l’arrière-plan comme s’il se fusionnait avec la nature.

C’est représentatif du remède de bien-être : se retrouver en nature. « Je suis fascinée par notre interconnexion avec la nature et passionnée par le désir d’exprimer notre lien profond avec l’eau. La transparence dans mes tableaux sert à fusionner la forme humaine et la nature », précise-t-elle.

Pour cette série, Mme Marois s’est inspirée de l’isolation vécue durant la pandémie et la glace qui brise exprime le renouveau et l’espoir d’après la tempête. En les observant, d’autres thèmes apparaissent comme celui d’être rendu au bout du rouleau, lorsque sa propre façade craque sous le poids du chaos autour nous, obligeant à prendre un moment de répit. Ses toiles transmettent une sérénité, une sorte de réflexion personnelle obligatoire à la guérison de soi et le spectateur s’y reconnaît facilement.

À part le côté humain, la peinture de la neige est un art presque scientifique qui parle aux spectateurs sur un plan logique aussi. « Tandis que les paysages d’été sont plus mouvementés et bruyants, ceux d’hiver sont plutôt minimalistes, calmes, bien ordonnés et souvent abstraits… La neige dans le tableau peut aussi créer des formes géométriques et des espaces négatifs. Elle crée de l’équilibre dans l’image », décrit Mme Marois.

En effet, le tableau d’un paysage enneigé est tous sauf blanc et plutôt coloré!. « Il y a plusieurs tons dans la neige, chauds et froids, et surtout dans les ombrages », explique-t-elle.

Elle suggère aux débutants de bien observer les nuances de couleurs et d’étudier, entre autres, les tableaux enneigés de Lawren Harris et du groupe des Sept.

En réponse à la question des peintres qu’elle admire, l’artiste affirme qu’il y en a plusieurs, trop pour tous les nommer. « Il y a Jean-Paul Lemieux, pour ces paysages d’hiver qui expriment si bien l’isolation et les grands espaces, Alex Colville, pour ses scènes mystérieuses et un peu bizarres, et Andrew Wyeth, pour sa technique en art figuratif et la beauté de ses sujets », choisit-elle.

Sa prochaine exposition, Réflexions sur l’eau douce, se tiendra du 26 février au 30 mars à la galerie John M. Parrot, à Belleville. « Mes tableaux seront côte à côte avec les poèmes de Lindsay Brant du territoire mohawk de Tyendinaga », indique-t-elle.

PHOTO (courtoisie de l’artiste) – Résilience (acrylique sur Clayboard, 16 po x 20 po, 2021)