Bien gérer son budget et prévenir le surendettement est une préoccupation majeure chez les immigrantes francophones. Leur rapport culturel et familial à l’argent, notamment au crédit, diffère de celui des anglophones et trouver la bonne information dans la bonne langue en milieu minoritaire occasionne de sérieux ralentissements sur la route de l’autonomie financière.
L’atelier d’éducation financière organisé le mercredi 12 juillet à Brampton par Oasis Centre des femmes et animé par le Conseil de la coopération de l’Ontario (CCO) a permis de sensibiliser une dizaine d’entre elles, âgées de 16 à 25 ans, afin qu’elles soient plus à l’aise avec leur argent et le mettent au service de la réussite de leur épanouissement personnel.
« Ces ateliers sont le fruit d’une étude menée par huit organismes de la grande région de Toronto qui a permis de réaliser un état des lieux sur le niveau d’éducation financière des femmes francophones, explique Fayza Abdallaoui, consultante pour Oasis Centre des femmes. Les femmes sont victimes de multiples inégalités financières (salaires, retraites, etc.) et de pression à la consommation. Au total, 75 % restent dans une situation abusive, car elles n’ont pas d’indépendance financière. »
Par le biais d’exercices simples, Jean-François Parent a présenté les outils de base utiles à chaque participante pour concevoir, planifier son budget et réaliser le projet qui lui tient à cœur en fonction de ses objectifs, ses limites, ses possibilités. « La difficulté est de trouver des solutions pour augmenter ses sources de revenus. Cela ne passe pas forcément par une hausse du salaire. On peut trouver des activités alternatives liées au logement, au covoiturage, au troc. Ces petits revenus diversifiés permettent d’équilibrer le budget et d’épargner en vue de financer un projet », selon l’agent de développement du CCO, qui insiste sur l’importance de bien suivre ses dépenses au quotidien pour avoir une vue d’ensemble et réaliser des prévisions précises.
« Le budget n’est pas un document figé qu’on délaisse dans un coin, avertit M. Parent. Il est vivant et il faut l’entretenir, le revisiter régulièrement pour l’améliorer et l’ajuster. Par exemple, être à l’affût des taux variables pour les prêts hypothécaires. Ce n’est pas non plus une succession de postes de dépense compartimentés. Le budget est un tout. La santé, l’alimentation, le logement, le transport, etc. interagissent les uns avec les autres. Il ne faut pas non plus hésiter à consulter des experts qui vont nous aider à franchir les étapes avec plus de sérénité. » Certains organismes comme Crédit Canada offrent des services gratuits en français pour les personnes endettées.
Parmi les sources de revenus identifiées, l’entrepreneuriat peut s’avérer une piste stimulante et lucrative, selon Mme Abdallaoui : « C’est un risque mesuré si on se fait accompagner. L’entrepreneuriat est un défi économique que les francophones doivent embrasser. Nous sommes une communauté d’employés et devons devenir une communauté d’employeurs, aller chercher par nous-mêmes notre travail, dans un marché sans cesse en évolution. »
Ce partage d’expérience et de bonnes pratiques appuyé par la coopérative Desjardins se renouvellera tout au long de l’année dans différentes villes de la région – notamment le 27 juillet au Conseil des organismes francophones de la région de Durham et le 23 août dans les locaux d’Oasis à Toronto – et fait l’objet d’une réflexion pour l’élargir aux adultes et à toute la communauté.

Photo : Jean-François Parent (CCO), Denise Gashagaza et Fayza Abdallaoui (Oasis) ont encadré l’atelier à Brampton.