Jean-François Gérard
La Journée des Franco-Ontariens et des Franco-Ontariennes a été célébrée à travers la province le lundi 25 septembre. Le début de semaine a coïncidé avec des levers du drapeau vert et blanc à différents endroits de Toronto, dont la mairie.
Cette année, le 25 septembre tombait le jour de la reprise des débats parlementaires à l’Assemblée législative de l’Ontario. L’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) organisait la cérémonie du lever du drapeau devant le bâtiment de Queen’s Park. Elle a été suivie d’un dîner de réseautage avec des membres actifs de la communauté francophone, marqué par la présence de plusieurs élus.
Dans l’une des salles de réception feutrée, la ministre des Affaires francophones depuis 2018, Caroline Mulroney – tout juste déplacée du ministère des Transports au Trésor lors du remaniement – a salué une cause « transpartisane ». Mais les dossiers politiques ont bien été évoqués lors de ces deux moments symboliques.
Dès le matin, le député provincial de Thunder Bay, Guy Bourgouin (NPD), lançait une petite pique sur la couleur verte et la ceinture de verdure. Ce dossier de terrains protégés ouverts à la construction pour certains promoteurs immobiliers a chamboulé l’été et la rentrée du gouvernement de Doug Ford, qui a finalement dû reculer.
Affaires francophones
Concernant les affaires plus francophones, « on vient de vivre une déception », déplore le parlementaire de l’opposition officielle, faisant référence à la perte de financement de l’Université de Sudbury. Plus tôt dans son discours au pied du drapeau, il insistait : « Nous nous sommes battus pour la Loi sur les services en français et la reconnaissance des besoins accrus en services en français dans les domaines essentiels que sont la santé et l’éducation. Chaque coupure dans ces programmes, chaque pénurie de main-d’œuvre qui touche la province, notre communauté la ressent plus durement ».
Les libéraux, par l’entremise de la Franco-Ontarienne d’Ottawa Lucille Collard, ont aussi insisté sur « le besoin d’un meilleur système » d’éducation francophone, qui aille « des garderies aux universités », ainsi que sur l’importance du rétablissement d’un commissaire aux Services en Français par le gouvernement de l’Ontario.
Un combat que partage le seul député écologiste de l’Assemblée ontarienne, Mike Schreiner. Le chef du Parti vert a salué « la mobilisation de cette communauté pour obtenir des services », tout en s’inquiétant de la pénurie d’enseignants. Et rêver qu’un jour le 25 septembre en Ontario soit comparable à la Saint-Patrick, un jour « où tout le monde est Irlandais » et porte du vert.
En défense du gouvernement conservateur, Caroline Mulroney a salué que 2023 marquait « un moment charnière » car « au fil des 25 dernières années, les conseils scolaires ont joué un rôle essentiel dans la vie de nos communautés en donnant une éducation de qualité ».
La ministre a aussi rappelé « une autre avancée » avec le nouveau règlement sur « l’offre active » est en place depuis le 1er avril. Ce texte indique que les usagers des organismes ou institutions désignés par la Loi sur les services en français doivent être accueillis dans leur langue sans qu’ils aient besoin de le demander. En pratique, cela devrait prendre plusieurs années à être mis en place.
Élu président de l’AFO en octobre dernier, Fabien Hébert se réjouissait d’une « belle présence » que ce soit du public ou des parlementaires de tout bord. De quoi lui donner des forces pour défendre tout au long de l’année les revendications des Franco-Ontariens auprès des décideurs. « N’hésitez jamais à nous appeler », a prévenu le député Guy Bourgoin, faisant de la cause franco-ontarienne « un devoir ».
Photo : L’Assemblée de la francophonie de l’Ontario avait organisé le lever du drapeau devant Queen’s Park.