Le Collège Boréal, en collaboration avec le Sault College, ouvre un nouveau programme, Études sur la paix et les conflits, ce qui lui permet d’afficher de nouvelles ambitions.
Qu’est-ce que la paix? Est-ce une idée? Un état d’esprit? Quelque chose qui se mérite, pour lequel il faut préparer la guerre, selon les mots de Vegetius (Si vis pacem, para bellum)? La paix, c’est un concept vague, pour la plupart d’entre nous. C’est quelque chose avec lequel nous sommes nés, et que nous avons toujours connu au Canada.
Beaucoup n’ont pas eu cette chance. Certains peuvent témoigner avec précision de la paix. Et de son absence. C’est le cas du Dr Izzeldin Abuelaish. Né dans le camp de réfugiés de Jabalia, dans la bande de Gaza, il aurait toutes les raisons du monde de haïr les Israéliens, dont l’armée a tué ses trois filles adolescentes et sa nièce. Mais il a surmonté sa douleur et, lui, qui fut le premier médecin palestinien à occuper un poste élevé dans un hôpital israélien, a écrit le livre Je ne haïrai point.
Jean Venant Lumbala est dans le même cas. Il a vu des atrocités en République Démocratique du Congo, d’où il est originaire, avant d’émigrer au Canada. Il connaît la valeur de la paix. Quant au dernier orateur, Leo Nupolu Johnson, qui vient du Libéria, il a remarqué que tous les grands militants de la paix qu’il a rencontrés dans sa vie dégageaient une aura de paix intérieure. Comme si faire la paix avec ses propres passions était nécessaire avant de tenter de l’imposer aux autres.
Est-ce que cette question, lancinante, est celle à laquelle répondront collectivement les étudiants du prochain programme du Collège Boréal. Études sur la paix et sur les conflits. Tout un programme, c’est le cas de le dire. D’après Tina Montgomery, qui en sera la jeune doyenne. Fébrile, nerveuse, intimidée sans doute aussi, elle est surtout absolument heureuse et fière que ce programme voir le jour, elle qui travaille dessus depuis presque deux ans. « Je n’ai pas de mots, c’est une entente incroyable, mon bébé est né », dit-elle.
Il faut dire que ce programme est aussi l’occasion de la signature d’un partenariat singulier, entre le Sault College (institution anglophone de Sault-Sainte-Marie, dans le Nord de l’Ontario) et le Collège Boréal. Le Sault College donne déjà ce programme depuis plusieurs années, mais en anglais, et à Sault-Sainte-Marie. À partir de janvier, il sera offert dans les locaux de Boréal, au 1, rue Yonge. En échange, ils ont ouvert leurs ressources et permis de traduire leurs cours pour que Boréal puisse offrir ce programme en français. Pour les étudiants, il sera possible de choisir certains cours en français ou en anglais indifféremment. Comme l’a mentionné Pierre Riopel, président de Boréal, « c’est un partenariat gagnant/gagnant ». Il a également insisté sur l’ouverture à l’international que représente ce nouveau programme : « L’Ontario français prend sa place sur le plan international. Nous faisons en sorte que notre expertise soit reconnue ailleurs dans le monde. » Déjà, une délégation de Côte d’Ivoire est venue observer les programmes miniers de Sudbury.
Une fois formés, après deux ans d’études et un stage, les étudiants pourront rejoindre les nombreuses organisations à but non lucratif à Toronto. Les responsables du programme sont assez confiants sur l’employabilité de leurs pupilles, qui auront également le choix de poursuivre leurs études à l’université.
Photo : Dr Ron Common (à gauche), président du Sault College, et Pierre Riopel, président du Collège Boréal