À Oshawa, la Semaine nationale de l’immigration francophone a réuni une communauté vibrante autour de discussions, de rires et de musique. Cette journée d’échanges a permis de célébrer les parcours inspirants de celles et ceux qui, par leur présence et leur engagement, contribuent à faire rayonner la francophonie à Durham.

Christiane Beaupré – IJL – Le Métropolitain

Le gymnase de l’École élémentaire Antonine-Maillet à Oshawa résonnait l’après-midi du samedi 8 novembre de rires d’enfants, de musique et d’accolades. De nombreux nouveaux arrivants s’y étaient rassemblés pour célébrer la Semaine nationale de l’immigration francophone, un rendez-vous devenu incontournable à Durham.

Dans des salles adjacentes, les plus jeunes s’initiaient à la robotique, au dessin, à la danse ou à l’awalé – un jeu mathématique d’origine africaine. Dans le gymnase, les adultes circulaient librement entre les kiosques pour s’informer sur les services offerts en français à Durham. À 13 h, le panel débutait sur scène, et tous étaient invités à écouter les témoignages d’immigrants au parcours impressionnant.

Organisée par le Comité local en immigration francophone (CLIF) de Durham, en collaboration avec plusieurs partenaires dont le Conseil des organismes francophones de la région de Durham (COFRD), cette journée mettait à l’honneur la contribution des immigrants francophones à la vitalité de la région. L’activité, animée par Eunice Boué, combinait kiosques d’information, jeux pour enfants et table ronde sur le thème Merci d’enrichir notre francophonie

Pour la directrice générale du COFRD, Boluwa Massina, cette célébration représentait bien plus qu’un simple moment festif. « C’est un moment de célébration, de réflexion. La région de Durham reçoit de plus en plus de francophones. C’est devenu une mosaïque au fil des années. La Semaine de l’immigration francophone est pour nous une façon de reconnaître toutes ces personnes qui sont venues s’installer ici et qui ont apporté quelque chose à notre communauté », a-t-elle confié.

Elle rappelait aussi que, depuis trois ans, le COFRD et le CLIF s’unissent pour faire de cette rencontre un moment phare de l’automne francophone. Chaque édition, expliquait-elle, s’enrichit de nouvelles idées : « Cette année, nous avons ajouté plusieurs ateliers pour les enfants afin que tout le monde trouve sa place. Nous voulons que cette célébration devienne une tradition, un moment où l’on se retrouve en personne pour partager, apprendre et s’amuser ensemble. »

Une communauté en mouvement

Le gymnase accueillait une quinzaine de kiosques. Des organismes comme l’Université de l’Ontario français, Point Ancrage Jeunesse, la Société d’aide à l’enfance de Durham ou encore l’Association canadienne pour la santé mentale présentaient leurs services en français. À côté, des entrepreneurs locaux proposaient des produits artisanaux : bijoux, gâteaux, miel, services de nettoyage et de tutorat. Cette diversité illustrait à elle seule la vitalité du milieu francophone dans une région majoritairement anglophone.

« L’objectif, c’est vraiment de célébrer toutes ces personnes francophones qui sont venues s’installer ici et leur contribution à la francophonie, que ce soit par l’entrepreneuriat, l’enseignement ou la vie communautaire, expliquait Mme Massina. Nous voulons que les gens sachent qu’il y a de la vie en français ici à Durham. »

Son message s’adressait particulièrement aux nouveaux arrivants, souvent confrontés à l’isolement et aux défis de l’employabilité. « Beaucoup de personnes ne sortent pas de chez elles parce qu’elles ne savent pas comment se connecter, où aller. Le but, c’est de leur dire : venez, sortez, il y a des choses à faire ensemble. Vous n’êtes pas seules », insistait-elle.

Des parcours inspirants

Au cœur de la journée, un groupe de discussion réunissait quatre personnalités au parcours exemplaire : Nicanor Massé Baheke, entrepreneure; Samira Jouad, directrice au Conseil Viamonde; Alexis Maquin, directeur général du Club canadien de Toronto; et Aristote Kavungu, enseignant au Csc MonAvenir et lauréat du Prix Trillium 2025. Sous la modération d’Azza Youssef, entrepreneure et membre du conseil d’administration de l’ACFO Durham-Peterborough, ils ont partagé leurs expériences autour du thème Parcours inspirants : tracer sa voie entre passion, résilience et engagement.

Chacun, à sa manière, a témoigné du rôle que joue la francophonie dans son cheminement. « Nous affirmer comme francophones, c’est essentiel, car le français n’est pas seulement une langue, c’est une culture », a rappelé Nicanor Massé Baheke. Pour Samira Jouad, arrivée du Cameroun, faire rayonner la francophonie, « c’est bâtir des ponts, apprendre des autres et se renforcer collectivement ». Quant à Aristote Kavungu, écrivain et enseignant, il a évoqué la résilience : « Ce n’est pas le nombre de fois qu’on tombe qui importe, mais le nombre de fois qu’on se relève. L’écriture est pour moi un moyen de transcender la douleur. »

Le panel a aussi offert un espace d’échange sur les défis du quotidien : trouver un emploi, bâtir un réseau, soutenir la relève francophone. « Il faut servir d’exemples, de modèles, éveiller des vocations », disait Aristote Kavungu, qui organise aussi des ateliers de cinéma dans les écoles. « La relève, ça commence à la maison », ajoutait Samira Jouad, insistant sur la responsabilité des parents dans la transmission du français.

Une francophonie à bâtir ensemble

Pour plusieurs intervenants, l’avenir de la francophonie à Durham dépendra de la capacité à offrir des services accessibles et à encourager les jeunes à s’engager. Malgré les défis liés à la langue, à l’emploi ou au logement, l’espoir demeure. « Plusieurs personnes veulent vivre en français. C’est important de leur offrir des programmes et un environnement où elles se sentent bien. Emploi, culture, logement, etc., tout cela contribue à un tissu social qui donne envie de rester », résumait Mme Massina.

En fin de journée, le sentiment d’appartenance se faisait palpable. Des sourires, des accolades et des promesses de se revoir témoignaient du succès de cette rencontre. Comme l’a si bien résumé la directrice du COFRD en entrevue : « Avec l’immigration, on gagne. »

Photo :  Les panélistes (au centre) et les représentants du CLIF de Durham (Crédit : Christiane Beaupré Le Métropolitain)