Richard Caumartin

Le soir du 30 mai, Oasis Centre des femmes accueillait ses membres, employées, partenaires, alliés, invités et commanditaires pour son gala du 30e anniversaire dans la salle Arcadian Court du 401, rue Bay à Toronto. Une soirée hommage pour souligner les 30 ans d’impact de l’organisme dans la communauté francophone de la Ville reine.

Depuis 1995, Oasis offre un accompagnement en français aux femmes du Grand Toronto touchées par la violence sous toutes ses formes, pour qu’elles reprennent contrôle de leur vie, reprennent confiance et le pouvoir d’agir et de choisir leur propre destinée. Oasis opte pour une approche intersectionnelle, féministe, centrée sur l’usagère afin de fournir une gamme de services interconnectés allant du soutien individuel, du soutien communautaire au renforcement de la sécurité économique, contribuant ainsi à une communauté égalitaire, plus forte et inclusive.

Cette aventure qui dure depuis trois décennies a été juchée de défis, de moments plus difficiles certes, mais surtout de petites victoires qui, au fil du temps, ont mené à de plus grands succès. C’est cette histoire de résilience que plusieurs invités sont venus partager, et remercier l’équipe d’Oasis pour sa ténacité et sa passion qui ont permis de sortir tant de femmes des griffes de la violence pour retrouver un peu d’espoir.

L’artiste Abel Maxwell animait ce gala accompagné de la maîtresse de cérémonie Eunice Boué. Après un cocktail de bienvenue, les animateurs ont invité les 238 participants à se rendre dans la salle de bal pour le début de la soirée avec une cérémonie de fumigation guidée par l’artiste métisse Diane Montreuil.

Après le mot de bienvenue de la présidente d’Oasis Centre des femmes, Axelle Cazalets, la lieutenante-gouverneure de l’Ontario, Edith Dumont, s’est adressée aux invités.

« L’esprit est à la fête ce soir et c’est un vrai bonheur d’être avec vous, assure Mme Dumont. Vous en conviendrez, Oasis porte très bien son nom. Il évoque le répit et la réflexion. Une chaleur humaine dans un espace francophone, sécuritaire et bienveillant où les femmes peuvent reprendre leur souffle et entrevoir l’avenir avec espoir. Que de chemin parcouru, et au-delà des défis et des imprévus, il y a eu tant de réussites empreintes de résilience et d’espoir, et certainement de nombreux fous rires et de solidarité ensoleillant votre quotidien.

« Depuis 1995, ce qui a été accompli est remarquable. Juste en 2023 et 2024, plus de 2000 femmes ont bénéficié des services d’Oasis. Et si l’on additionne les interventions des groupes de soutien, l’aide à l’emploi, l’aide juridique, les ateliers dans les écoles, on dépasse les 11 000 services rendus. C’est monumental et pourtant, ce ne sont pas les chiffres qui impressionnent le plus. Ce sont les regards qui s’illuminent, les épaules qui s’allègent un peu, et les voix qui se font entendre. Chaque femme qui frappe à la porte d’Oasis porte une histoire bouleversante que vous accueillez avec bienveillance et qu’il nous faut entendre afin de briser les silences. Grâce à vous Oasis, le cycle de la violence et de la précarité est rompu et se transforme en renaissance.

« Vous avez créé au fil des ans des lieux où la femme peut déposer ses peurs et ses souffrances, et repartir avec confiance et espérance. Ce soir, j’applaudis de tout cœur la force tranquille de vos équipes, la générosité de vos bénévoles et le courage de toutes celles qui ont franchi le seuil de votre porte. Vous portez des valeurs d’égalité, de justice sociale et de solidarité qui sont si chères à l’Ontario, merci. Et que peut-on vous souhaiter pour l’avenir? Qu’Oasis demeure un endroit où l’on peut poser ses valises pour se ressourcer et repartir plus forte et plus lumineuse. À titre de lieutenante-gouverneure de l’Ontario, au nom de notre province et en tant que femme, je vous exprime ma plus profonde gratitude pour ces 30 années d’engagement auprès des femmes francophones. »

À la table d’honneur, il y avait également le commissaire aux services en français, Carl Bouchard, la ministre associée aux Perspectives sociales et économiques pour les femmes de l’Ontario, Charmaine Williams, et la sous-ministre aux Affaires francophones, Roda Muse. Cette dernière a expliqué que c’était un privilège et un honneur d’être invitée à ce 30e anniversaire.

« C’est avec une profonde émotion et un immense respect que je prends la parole ce soir. Trente ans, c’est bien plus qu’un chiffre, c’est une vie. Trente années de lutte, de résilience, de solidarité et d’un engagement indéfectible envers les femmes francophones souvent confrontées à des situations difficiles. Comme l’a déjà mentionné Dada Gasirabo, aujourd’hui nous célébrons une histoire de lutte intense marquée par des défis mais surtout par une histoire de courage, de persévérance et d’espoir. Dada, votre parcours est à l’image de cette histoire, inspirant. Vous avez connu Oasis en tant que réfugiée et aujourd’hui, vous en êtes la force motrice. Vous êtes la preuve vivante que l’espoir fait éclore une nouvelle vie dans les moments les plus difficiles. Permettez-moi de vous souhaiter, au nom du gouvernement de l’Ontario, une retraite bien méritée », a déclaré Roda Muse, sous une salve d’applaudissements.

Après le souper gastronomique, les dirigeants de l’organisme ont remis plusieurs trophées à des femmes d’exception et des plaques à ses partenaires communautaires.

Côté divertissement, le public a pu apprécier les performances artistiques de la troupe de danseuses burundaises Indanga et une prestation de la talentueuse Julie Kim qui a interprété avec beaucoup de justesse et d’émotions la chanson Comme les roseaux de Janie Renée, qui tient son origine d’un projet du Centre Colibri pour femmes en 2021 et portée par les voix de l’autrice, des Chiclettes, de Patricia Cano et de Mimi O’Bonsawin pour la Journée internationale des femmes. Le texte de la chanson offre un message puissant d’espoir et de résilience pour les femmes et plusieurs d’entre elles dans l’auditoire n’ont pu retenir quelques larmes à la suite de l’interprétation de Julie Kim.

Plusieurs tirages de prix de présence étaient au programme de la soirée, de même qu’un encan silencieux pour remporter trois peintures abstraites et colorées de l’artiste Mitzi Bidner. La fête s’est poursuivie sur la piste de danse pendant que les employées, amis et partenaires d’Oasis profitaient de l’occasion pour se faire prendre en photo avec Dada Gasirabo qui prendra officiellement sa retraite le 1er octobre prochain.

Photo (Richard Caumartin) : Dada Gasirabo (à gauche) a remis un trophée hommage à la 9e présidente d’Oasis, Viviane Kone.