Le ministre français du Commerce extérieur, Franck Riester, avait l’air heureux. Sa déambulation au marché Saint-Laurent pour défendre l’Accord économique et commercial global (AECG) entre le Canada et l’Union européenne était sûrement l’un des moments les plus légers de sa visite de deux jours à Toronto.
Avec son homologue canadienne Mary Ng, il a visité le kiosque de deux fromagers et un vendeur français de produits secs. Lors de ce moment de complicité, un brin mis en scène, Franck Riester fait goûter différents fromages, en décrivant minutieusement leurs spécificités. « J’ai le droit à une leçon sur les fromages par le ministre français », s’enthousiasme Mary Ng.
« Je voulais voir dans le marché l’augmentation des ventes de fromages, de vin, de chocolat, grâce à l’AECG », explique le ministre, après avoir aussi goûté des fromages canadiens.
Selon lui, les accords de libre-échange « ne sont pas toujours une bonne chose par nature, mais pour l’AECG, c’est une bonne chose, les résultats sont là : plus d’importations et d’exportations. » Mary Ng salue aussi que « les petits commerces bénéficient aussi » de cet accord.
Lors de son séjour, Franck Riester a également visité l’incubateur MaRs, le laboratoire Sanofi, une usine Alstom, un LCBO et le Lycée français de Toronto. Avant son passage en Ontario, il était allé découvrir une mine en Saskatchewan, à l’heure où la France cherche à s’approvisionner en uranium pour ses centrales nucléaires et batteries de voitures électriques, dans un contexte où ses relations se tendent avec la Russie et certains pays d’Afrique. Il insiste sur la nécessité d’avoir « une forte chaîne d’approvisionnement ».
« Dans ce monde perturbé, instable, nous avons besoin de renforcer les partenariats avec les pays amis, avec qui nous partageons un grand nombre de valeurs, je dirais même toutes les valeurs, avec qui nous avons une longue histoire et une langue en commun », commente le ministre.
Ces différents moments sont une manière de défendre l’AECG et de parler de tous les pans de l’économie, et pas seulement du secteur agricole. En France, l’accord se trouve contesté notamment suite à de récentes manifestations d’agriculteurs qui dénoncent la concurrence des produits importés. Bien qu’il s’applique provisoirement depuis 2017, l’AECG vient d’être rejeté par le Sénat français et pourrait s’annuler si l’Assemblée nationale française l’imite dans un futur vote.
Au Canada également, certains agriculteurs critiquent l’accord en estimant qu’ils n’ont pas autant bénéficié de l’accès au marché européen que dans le sens inverse, en particulier que les fromagers français (plus de 60 % d’exportation). Mais pour Franck Riester, « il n’y a pas de perdants, il y peut y avoir des acteurs qui sont plus ou moins gagnants ».
« C’est vrai que pour les producteurs de bœuf, il y a des règles dans l’Union européenne qui doivent être respectées, comme il y a des règles pour les exportations vers le Canada, détaille-t-il. Avec cet accord, on simplifie les règles, on baisse les droits de douane et on travaille ensemble à une amélioration continue. »
Également responsable de la Francophonie, Franck Riester a rencontré Caroline Mulroney, la ministre ontarienne des Affaires francophones. L’objectif était de voir comment associer la province au prochain sommet de la Francophonie en France les 3 et 4 octobre. Franck Riester estime que plus de liens avec la Francophonie canadienne peuvent permettre d’accroître les investissements en France. Une manière, là encore, de revenir au commerce.
Photo : Le ministre français Frank Riester et son homologue canadien Mary Ng chez un fromager du Marché Saint-Laurent