Le mardi 27 octobre, le Club canadien de Toronto tenait ce qui, en temps normal, aurait été son déjeuner-conférence mensuel. L’assistance n’a guère eu de quoi se mettre sous la dent au cours de cette activité virtuelle, mais, en revanche, elle a été on ne peut mieux servie sur le plan intellectuel.

C’est qu’il y en a long à dire sur le thème qu’avait choisi l’organisme : « Pour une relance économique réussie ». Deux personnalités au pedigree impressionnant avaient accepté de se prêter au jeu de répondre aux questions du journaliste de ONfr+, Benjamin Vachet : John Beck, fondateur et président du conseil d’administration d’Aecon Group Inc., et Glenn O’Farrell, chef de la direction et ombudsman au bureau de l’Ombudsman des assurances de personnes.

Le journaliste a d’emblée convié ses interlocuteurs à décrire de quoi sera faite la reprise économique post-COVID.

« Il y a une hésitation, estime M. Beck. Il y a une résistance à retourner à ce qui était avant. » Le télétravail est, d’après lui, bien enraciné et, des nouvelles pratiques nées des circonstances, il y a fort à parier que plusieurs persisteront au-delà de la pandémie. Qui plus est, à l’heure actuelle, les craintes relatives à la deuxième vague brouillent les cartes pour ce qui est de la relance.

Est-ce qu’une reprise des activités passera par le numérique, s’est enquit M. Vachet?

Pour M. O’Farrell, la réponse est affirmative et, à la lumière de l’histoire, il entrevoit deux facteurs qui seront à la base de la redynamisation de l’économie : « Les dépenses en infrastructures et les nouvelles technologies ». Cela dit, dans la population, un inconfort demeure quant à ce qu’il adviendra de la vie en société une fois la pandémie passée.

John Beck a abondé dans le même sens en faisant remarquer que la définition d’infrastructure avait changé au cours des dernières années pour englober notamment des conceptions écologiques et technologiques. Cela devrait marquer la relance.

Quant à l’inclusivité de la croissance économique, les deux panélistes en avaient une vision pour le moins détaillée.

M. Beck a fait valoir que le monde du travail se transforme par la mécanisation et la robotisation et que la formation du personnel à ces nouvelles réalités constitue une bonne occasion d’inclure davantage les femmes.

Glenn O’Farrell a invité l’assistance à se garder de jugements généraux à propos des conséquences de la pandémie : « Ce n’est pas tout le monde qui est impacté de la même façon ». Au-delà de ces nuances relatives au genre et aux origines ethnoculturelles, il incombera aux décideurs tant à l’échelle nationale qu’internationale d’être les fers de lance des changements qui s’imposent. « Je souhaite voir ces grandes instances prendre leurs responsabilités », a affirmé M. O’Farrell en insistant sur les mesures sociales et l’innovation technologique comme facteurs d’intégration.

Et la santé mentale dans tout ça, s’est interrogé Benjamin Vachet?

Remarquant une lassitude, un laisser-aller en voie de s’installer, John Beck recommande de ne pas imposer le télétravail mais d’opter plutôt pour des « solutions hybrides sur mesure ».

Ce constat était partagé par Glenn O’Farrell qui a fait remarquer qu’il faudra sans doute s’attendre à ce que les mesures sanitaires fassent partie du quotidien pendant longtemps.

Le journaliste a aussi invité les panélistes à s’exprimer sur le milieu économique franco-ontarien. Selon, John Beck la réforme des lois linguistiques représente une occasion pour la communauté franco-ontarienne d’assumer un leadership pancanadien. Pour Glenn O’Farrell, il est difficile de définir avec précision ce qu’est l’économie franco-ontarienne autrement qu’en prenant un compte l’intérêt pour le français manifesté par un entrepreneur.

Au chapitre des finances publiques et de la consommation, tant M. Beck que M. O’Farrell ont souligné à quel point les taux d’intérêt joueront en faveur des gouvernements et des contribuables. En effet, puisque les taux sont bas, les emprunts seront plus faciles à rembourser aussi bien pour les États que pour les particuliers, ce qui contribuera à l’accroissement des investissements publics et privés et de la consommation.

Échanges internationaux, inclusion des Noirs dans les instances dirigeantes, immigration, chômage, etc. : plusieurs autres thèmes ont été abordés au cours de cette heure d’échange riche en information.

Le 3 décembre prochain, en soirée, le Club canadien de Toronto fêtera ses 35 ans d’existence. Les détails de cette célébration seront connus en novembre. Quoi qu’il en soit, il va sans dire que ce sera l’occasion de mettre en valeur l’impact considérable qu’a eu et que continue d’avoir cet organisme sur la vie intellectuelle franco-torontoise.

PHOTO – En haut: John Beck et Glenn O’Farrell; en bas: Benjamin Vachet