Après une attente de plus de cinq ans depuis la sortie de l’album Lapsus, YAO a lancé le 27 mai son quatrième album solo : Kintsugi. Un projet résolument plus personnel, à la démarche mature et assumée, qui a permis à l’artiste d’offrir un résultat plus près de lui-même.
Dans la conception de ce projet, YAO met de l’avant ses peines et ses angoisses, et puise à même sa pluralité identitaire (Franco-Ontarien d’adoption, originaire du Togo et de la Côte d’Ivoire), avec l’ambition d’en faire ressortir des vérités universelles.
Entre slam, soul, funk et hip-hop alternatif, le tout infusé de sonorités afro, sa démarche créative évoque toutefois le processus réparateur du Kintsugi, cet art traditionnel japonais qui préconise l’usage d’un métal précieux pour rassembler les pièces d’une poterie cassée et, en même temps, rehausser les fissures de celle-ci.
« Dans cet album, j’explore les thèmes de la peine, de la résilience et de l’espoir en utilisant la poésie comme une lentille pour mettre en lumière mes propres « fractures » et transformer celles-ci par l’entremise de l’art. L’objectif final : créer de la beauté dans le chaos. Si le rôle de l’artiste est de questionner et de repousser les limites, il y va aussi de repousser ses propres limites. Il y va d’un développement artistique, certes, mais aussi d’un développement personnel. D’ailleurs, Émile Cioran disait : « La création est une préservation temporaire des griffes de la mort », explique YAO.
L’approche Kintsugi a été structurante pour l’artiste, surtout au cours des trois dernières années, sous le signe du chamboulement et de la reconstruction pour plusieurs. Derrière ce « Kintsugi de l’homme » se trouve un profond exercice de réflexion pour YAO; une façon de recoller les morceaux, une chanson à la fois. « Kintsugi, c’est 11 titres, oui; mais c’est surtout 11 états d’âmes », révèle l’artiste.
Dans les derniers mois, il a sillonné l’Europe, de la Suisse à la France en passant par la Belgique, ainsi que l’Ontario et le Québec pour proposer cette nouvelle offrande puisée à même ses propres failles.
Source : Marie-Christine Houle
Photo : YAO Musique