Alors qu’une délégation française emmenée par le premier ministre Jean-Marc Ayrault était en pleine tournée canadienne (Ottawa, Toronto, Montréal et Québec) pour conclure un nouvel accord de mobilité des jeunes entre les deux pays, la ministre déléguée en charge des Français de l’étranger et de la Francophonie, Yamina Benguigui, s’est arrêtée à l’Alliance française de Toronto, le jeudi 13 mars, pour inaugurer les nouveaux bâtiments (les salles de classes seront opérationnelles cet été; l’auditorium sera quant à lui prêt au début de 2014).

Mme Benguigui a un lien affectif fort avec la ville car c’est au Festival international du film de Toronto que son premier film, Inch’Allah dimanche, a gagné son premier prix, le Prix de la Critique. « C’est à mon engagement de femme, d’artiste et de militante que je dois d’être ministre de la République à la francophonie, déclare-t-elle. Je n’ai pas laissé mes convictions et mes combats aux portes de mon ministère. »

Pour la ministre, la mégapole ontarienne est aussi un exemple pour la francophonie. « Toronto est une ville symbolique qui montre que la Francophonie peut être une réussite, continue-t-elle. L’espace francophone a besoin de Toronto. Ici au Canada, nous pouvons compter sur une communauté francophone particulièrement active. La richesse de l’espace francophone, c’est justement cette mobilité extraordinaire permise par notre communauté de langue et de valeurs. »

Mme Benguigui mentionne également les liens historiques qui lient la France et le Canada. « Il n’est pas étonnant que ça soit en Ontario, qui possède un lien profond avec la France, que l’on constate un tel dynamisme au service notre langue. Ce sont des Français qui furent les premiers explorateurs de la province et qui établirent les premières colonies de peuplement. Le lien avec notre langue n’est pas que patrimonial ou sentimental. La francophonie, c’est aussi la vision progressive à un ensemble de valeurs, à un idéal qui met l’homme au centre de tout. C’est un humanisme intégral, fait de tolérance et de fraternité, de promotion de la diversité culturelle et du respect de la différence. Nous devons, nous francophones, restés vigilants pour que vive cet humanisme et nous devons nous lever contre la régression des droits de l’homme sous quelques formes que ce soit. »

Quand on la questionne sur l’importance de la francophonie, Yamina Benguigui explique qu’elle a décidé, cette année, de centrer ses efforts sur les femmes francophones. « Le 20 mars, je monte le premier forum mondial des femmes francophones, à Paris, explique-t-elle. Parce que, depuis le sommet de Kinshasa au début de mon mandat, je me suis aperçue qu’il y a avait une régression du droits des femmes : en Tunisie dès la première mouture de la nouvelle constitution; en République démocratique du Congo, on viole massivement et tout ça se passe dans l’espace francophone. Au total, 400 femmes vont participer à ce forum.

Qu’elles soient dirigeantes d’entreprise, scientifiques, professeures, ouvrières, ces femmes viendront témoigner de la nécessité de porter les fondations d’un nouveau statut des femmes francophones et d’inscrire ce projet dans les textes fondateurs de l’Organisation internationale de la Francophonie. »

Photo : La ministre Yamina Benguigui remet une plaque à Gordon McIvor, président de l’Alliance française, pour inaugurer les nouveaux bâtiments.