Le Centre de recherche en éducation franco-ontarienne (CRÉFO) a ouvert son cycle de conférences avec la venue d’une chercheuse du Nouveau-Brunswick, qui explore les liens entre l’école et l’immigration.
En Ontario comme au Nouveau-Brunswick, l’immigration francophone est vitale aux communautés de langue française qui y sont minoritaires. Si la situation du Nouveau-Brunswick est facilitée par le statut officiellement bilingue de la province, sa situation économique a beaucoup à envier à celle de l’Ontario. Aussi, l’immigration francophone y est un enjeu double. Il faut certes attirer les immigrants francophones pour que ceux-ci viennent dynamiser les communautés francophones minoritaires, mais il faut en plus les retenir au Nouveau-Brunswick, et les dissuader d’immigrer à nouveau vers « les provinces de l’Ouest » du Canada, en particulier le Québec et l’Ontario, dont les économies sont plus à même de subvenir à leurs besoins.
Dans cet ordre d’idées, des efforts importants sont faits pour comprendre cette immigration, ses attentes et sa perception du système canadien. Des efforts qui pourraient inspirer l’Ontario. C’est d’ailleurs tout le sens de la visite de Mme Aicha Benimmas au CRÉFO. Le mardi 17 septembre, elle a ouvert le cycle de conférences de l’institut universitaire en présentant une partie de ses travaux de sociologie de l’éducation. Aicha Bennimas est professeure agrégée en didactique des sciences humaines à l’Université de Moncton. Elle détient un doctorat de l’Université Laval en didactique de la géographie, et ses travaux de recherche portent sur les aspects ethnoculturels liés à l’éducation en milieu francophone.
À l’instar des autres milieux francophones canadiens, celui du Nouveau-Brunswick attire de nombreux immigrés, surtout les familles qui souhaitent éduquer leurs enfants au vert, loin des grands centres urbains. Cette immigration rajeunit une population francophone vieillissante. Toutefois, et en particulier dans le cadre du milieu scolaire, cette immigration ne va pas sans défis. L’un de ces défis est le milieu scolaire. C’est là où l’élève immigrant établit ses premières amitiés avec les enfants de la société d’accueil et entame son processus d’aculturation. C’est aussi là qu’il prend conscience de son identité et, parfois, de sa différence. La relation entre la famille immigrée et l’école est alors fondamentale. Mme Benimmas a montré avec beaucoup de clarté les défis que l’école et les familles doivent surpasser. Des défis d’ordre culturel, avec une notion de l’autorité différente selon les cultures, mais aussi d’ordre religieux ou encore intellectuel.
Mais le plus important, c’est sans doute que les familles soient écoutées et qu’elles aient leur mot à dire. Et c’est précisément ce que fait Mme Bennimas en les interrogeant et en les écoutant, pour une étude qui pourrait bien inspirer l’Ontario.
Photo : Des efforts importants sont faits pour comprendre cette immigration.