Cet été, New York est devenue dingue. Elle s’est prise d’une folie comme elle seule en est capable. Une folie un peu ridicule, mais une folie tout de même. Des mouvements de foule, des jalousies, des obsessions. Et tout ça pour une pâtisserie nouvelle. Pas n’importe laquelle, ceci dit. Le savant alliage de la vieille Europe, de ses traditions parfois surannées et de la jeune et bouillante Amérique. Le fruit des amours cachées entre le croissant et le donut. Rien que ça.

Pour un nom tout simple, le cronut. Une création du pâtissier français de New York, Dominique Ansel. Un succès fou, immédiat. Au plus fort de l’été, on faisait la queue plusieurs heures en attendant la fournée suivante, devant la petite boulangerie de Soho. On ne compte plus les imitations d’ailleurs. Et au marché noir, sur internet, le prix du cronut a atteint des records. Jusqu’à 60 $ au plus fort de la folie.
Qu’avait Toronto à répondre à ça? Des imitations, d’abord, un peu comme partout en Amérique. Et puis, finalement, il ne sera pas dit que Toronto se cantonnera à un rôle de suiveuse. Et que quitte à suivre, autant le faire avec panache.

Pourtant, Olivier Jansen-Reynaud le promet, il n’avait jamais entendu parler du cronut avant de lancer sa propre bombe. « J’ai dû chercher sur Google pour savoir ce que c’était », dit-il. Lui, c’est en combinant le charme étrange du cookie industriel, garanti sans produits naturels, et la noblesse du croissant qu’il a secoué le monde de la pâtisserie. Prenez des biscuits Oreo, prenez un croissant, vous obtiendrez un « crookie ». Le résultat est plus lourd qu’un croissant, mais le léger de la pâte feuilletée reste. À l’origine de la pâtisserie, un défi du journal The Grid, lancé au pâtissier. Après quelques semaines d’essais (toute la problématique est de ne pas faire fondre le biscuit pendant la cuisson), le crookie était prêt.

Le succès est terrible. Depuis ce mois d’août, on ne parle que de cette pâtisserie. La queue est intarissable, en particulier en fin de semaine. Clafouti en fait une centaine par jour.

À New York, la boulangerie Ansel, devant le succès, a dû limiter la vente de cronuts à deux par jour par client. Le « crookie » n’en est pas encore là, mais nous conseillons de venir en chercher tôt. En général, le stock journalier est épuisé vers midi…

Photo : Le « crookie » : fruit des amours entre un croissant et un biscuit Oreo.