Le deuxième grand week-end de la Franco-Fête avait beaucoup à offrir aux francophones de Toronto autant sur le plan culturel que musical. Et la programmation cette année permettait de célébrer un soir sur les rythmes afro-colombiens, afrobeat et funk du groupe bruxellois-colombien La Chiva Gantiva, et d’y retourner le lendemain pour se laisser emporter sur les musiques acadienne et cajun.

C’est ce qui s’est produit les 17 et 18 juillet derniers. Après avoir dansé sur des rythmes latins toute la soirée du vendredi, les festivaliers retrouvaient une toute autre culture musicale le samedi avec des artistes du Nouveau-Brunswick, de l’Abitibi et de la Louisiane. 

Depuis le 14 juillet, les visiteurs retrouvent sur le site de la Franco-Fête à la place Yonge et Dundas un nouveau pavillon nommé Expérience Acadie. Cet espace permet aux gens de s’immiscer dans la culture acadienne, d’y découvrir les différents accents, la saveur des produits marins et une musique dans laquelle le violon et l’accordéon mènent le rythme.

Puis juste en face, sur la petite scène de la Cabane à Champlain, le groupe de musique cajun Swamperella a entraîné la foule dans une expérience musicale de mardi gras. Les six musiciens ont réussi à transporter les festivaliers en musique sur la célèbre rue Bourbon en Nouvelle-Orléans et leur faire vivre l’unique atmosphère de carnaval qui a fait sa réputation. La terrasse devant la scène était bondée d’admirateurs ainsi qu’à l’extérieur où les gens dansaient et se laissaient emporter par l’accordéon cajun et le style unique du Zarico.

Nombreux, les francophones avaient envahi le site en attente du concert de Zachary Richard mais il y avait aussi des francophiles qui venaient pour d’autres motifs. « C’est l’été, il fait beau et je voulais prendre avantage de ce festival pour écouter de la musique francophone et rencontrer des gens pour améliorer mon français, explique Mary-Jane Owen. Je ne connais pas les artistes qui sont sur scène mais je suis très impressionnée par la qualité de ceux-ci et de la musique. Je suis fière de cette belle diversité et à la place Yonge et Dundas, il s’agit d’une excellente opportunité pour les Torontois de découvrir cette richesse francophone et cette culture. » 

Puis le spectacle de fin de soirée tant attendu par le millier de spectateurs présents devant la scène principale a débuté. Le poète engagé, inspiré de sa Louisiane natale, avec une langue imagée et forte, a vite pris possession de l’endroit pour raconter avec ses textes et sa musique les contraintes de son peuple et la beauté de sa culture francophone au pays de l’oncle Sam.

Écologiste engagé, Zachary Richard expliquait entre ses chansons la double contrainte à laquelle sont confrontés les gens de la Louisiane, enchaînés financièrement à l’industrie pétrolière qui les nourrit tout en les dévastant, « pris entre l’arbre et l’écorce dit-il, et forcés de pactiser avec l’ennemi en acceptant de belles sommes pour devenir nettoyeurs de goudron en abandonnant la pêche ».

Les chansons de Zachary sont écrites en fonction des messages que l’auteur-compositeur-interprète veut passer, elles voyagent dans le temps et appartiennent à un univers unique au poète. La foule a fredonné avec lui plusieurs de ses succès plus connus dont Jean Batailleur de l’album Cap Enragé. Le chanteur a certes vieilli mais sur scène, il a toujours cette présence captivante et rassembleuse. Les francophones de Toronto en garderont un souvenir intarissable.

Photo: la marée humaine devant la scène du spectacle de Zachary Richard