Richard Caumartin

Le comité pour la commémoration de Vimy a souligné le 108e anniversaire de la Bataille de Vimy, le dimanche 13 avril, devant le cénotaphe de l’ancien Hôtel de ville de Toronto en présence de la lieutenante-gouverneure de l’Ontario, Edith Dumont, du consul général de France, Bertrand Pous, de la mairesse de Toronto, Olivia Chow, de la communauté, des associations partenaires, des corps consulaires, des forces militaires et des vétérans.

« Nous avons à coeur de continuer cette commémoration afin que vivent le devoir de mémoire, l’éducation, la conscience morale et notre engagement citoyen dans la lutte pour la paix dans l’avenir. Les citoyens français, aux côtés de leurs amis canadiens, tiennent à exprimer leur reconnaissance et leur respect aux combattants canadiens qui ont risqué leur vie sur les terres de France et d’Europe pour défendre notre liberté », déclare Gérard Poupée-Hill du comité Vimy-TO 2025.

On se souviendra que la bataille de la crête de Vimy a débuté à 5 h 30, le lundi de Pâques du 9 avril 1917. La première vague, formée de 15 000 à 20 000 soldats canadiens, dont un bon nombre d’hommes lourdement chargés, a avancé dans la neige et la giboulée en direction du tir meurtrier des mitrailleuses. Plus de 10 600 Canadiens furent blessés, dont près de 3600 mortellement.

C’est ce sacrifice ultime des Canadiens qui a mené à la victoire finale de la Première Guerre mondiale que les Français commémorent chaque année, aux côtés de leurs alliés pour que ce moment de bravoure historique ne soit jamais oublié.

La commémoration sobre et émouvante a débuté par l’interprétation de plusieurs pièces de l’ensemble à vents du Toronto French School (TFS), dirigé par Rupert Price, accompagné par l’orchestre du 7e Régiment de Toronto de l’Artillerie royale canadienne et la capitaine Carina Lam. Gérard Poupée-Hill a souhaité la bienvenue aux invités et au public assemblés autour du cénotaphe rendant hommage aux héros de guerre canadiens.

Puis l’Acte de reconnaissance a été lu par des élèves de la TFS et du Lycée français de Toronto (LFT). Les organisateurs et dignitaires ont ensuite salué l’arrivée de la lieutenante-gouverneure de l’Ontario, Edith Dumont. Alis B. Kennedy, une vétérane autochtone a lu l’Acte du Souvenir : « Ils ne vieilliront pas, comme nous, qui leur avons survécu. Ils ne connaîtront jamais l’outrage ni le poids des années. Quand viendra l’heure du crépuscule et celle de l’aurore, nous nous souviendrons d’eux ». La foule a alors répondu : « Nous nous souviendrons d’eux ».

Puis, la section protocolaire de la cérémonie a fait place aux discours, dont celui de la lieutenante-gouverneure. « Treize années se sont écoulées depuis le décès du dernier vétéran de la Première Guerre mondiale, rappelle Mme Dumont. Aujourd’hui, plus personne ne peut témoigner de vive voix de ces quatre jours d’avril 1917 lorsque le Corps militaire canadien s’est emparé de la crête de Vimy. Plus personne, pour avoir vu de ses propres yeux le courage de ceux qui ont combattu à leurs côtés, ne pourra témoigner de ceux qui ne sont jamais revenus. Et pourtant, leur mémoire demeure toujours aussi vivante. Nous sommes ici rassemblés grâce à eux. Ensemble nous portons l’héritage de nos familles, de nos communautés et de nos histoires. Nous sommes ceux qui ont le devoir de perpétuer leur mémoire afin que nous n’oubliions jamais leur sacrifice. »

Le consul général de France a, pour sa part, parlé d’un lien étroit entre le Canada et la France depuis la bataille de Vimy.

« Cette cérémonie, avec la participation active de nos jeunes, contribue substantiellement à la préservation de cette histoire, déclare-t-il. La brutalisation des relations internationales dont nous sommes témoins actuellement tend à nous le rappeler chaque jour. Le prix de la paix est toujours la vigilance perpétuelle. Certains veulent remettre en cause les frontières établies, faire fi de la souveraineté de leurs voisins par la force militaire ou la coercition économique. Le président de la République plaide pour un réarmement à l’échelle européenne.

« Le Canada a pris conscience avec acuité de la nécessité de préparer sa réponse aux enjeux de sécurité de demain. Rendre aujourd’hui hommage aux soldats de Vimy, c’est garder à l’esprit que nos valeurs doivent être constamment défendues. N’oublions jamais! »

Ce discours a été suivi de l’allocution de la mairesse de Toronto, du lever des drapeaux canadien, européen et français, ainsi que l’interprétation des hymnes nationaux du Canada et de la France.

Puis, un moment très solennel a eu lieu lorsque les dignitaires et représentants militaires et civils ont déposé tour à tour des gerbes de fleurs devant le cénotaphe, sur la musique de I Vow to Thee My Country et Flowers of the Forest interprétées par l’orchestre de la TFS, accompagnée d’un joueur de cornemuse.

Après cette partie émouvante de la cérémonie, les porteurs de drapeaux les ont inclinés pour un solo de trompette de Max B. Dohle et la Sonnerie aux morts avec Tombée de la nuit sur le camp suivies d’une minute de silence. Des élèves ont ensuite lu, dans les deux langues officielles, le poème Au champ d’honneur. La soprano Annie Yan et le ténor Max B. Dohle de la Toronto French School ont interprété avec beaucoup d’émotion et de justesse la chanson I’m Dreaming of Home (Hymne des Fraternisés), mettant ainsi fin à la cérémonie commémorative.

Photo (Crédit : Richard Caumartin) : La commémoration du 108anniversaire de la Bataille de Vimy s’est déroulée devant le cénotaphe de l’ancien Hôtel de ville de Toronto.