Organisé par le Commissariat aux services en français, le symposium du lundi 26 novembre aura réuni environ 220 participants de tous les domaines de la société. L’événement avait été organisé pour atteindre un objectif ambitieux : déterminer où en sera la francophonie ontarienne dans 10 ans et se préparer à relever les défis qui se poseront alors.

Ce rassemblement de toutes les têtes d’affiche de la francophonie du Centre-Sud-Ouest constituait en soi une activité des plus importantes mais avec les controverses qui ont entouré le gouvernement au cours des derniers jours, le symposium a pris une dimension particulière. Même si Tasha Kheiriddin, animatrice, chroniqueuse et analyste politique, qui officiait ce jour-là comme maîtresse de cérémonie, avait demandé à l’assistance et aux panélistes de s’abstenir de faire des remarques sur la situation politique, il était évident que ce sujet brûlait les lèvres de plusieurs. Malgré tout, les intervenants sont demeurés sagement dans les limites des thèmes à discuter et à propos desquels il y en avait déjà long à dire.

Me François Boileau

Le premier à s’adresser à l’assistance fut le commissaire aux services en français, Me François Boileau. Celui-ci a dressé de l’avenir un portrait préoccupant avec le bagout qu’on lui connaît. Son premier sujet d’inquiétude réside dans les tendances démographiques qui ne sont pas du côté des Franco-Ontariens comme il l’abordait plus tôt cette année dans son rapport annuel. En effet, en 2028, la proportion de francophones en Ontario sera de 3,9 % ou 4 %, en diminution par rapport à ce qu’il en est présentement malgré une augmentation du nombre de locuteurs de la langue française. L’immigration n’aura qu’un impact limité puisque la cible annuelle de 5 % de nouveaux arrivants francophones n’est jamais atteinte. Qui plus est, malgré toutes les attentions dont elles sont l’objet, bon nombre de familles exogames ne parviennent que difficilement à transmettre le français d’une génération à l’autre.

Le vieillissement de la population est un autre sujet inquiétant qui a et qui continuera à avoir des répercussions considérables sur le système de santé et sur la société en général. Ce dossier complexe, qui touche particulièrement les Franco-Ontariens puisque leur communauté vieillit plus rapidement que le reste de la population, est à la racine de certains des problèmes qui seront rencontrés dans un proche avenir.

Une autre question évoquée par Me Boileau est celle des communications numériques. Comment celles-ci changeront-elles la relation entre le gouvernement et les citoyens? Quels impacts auront ces technologies sur la prestation des services? Il appert que le numérique peut s’avérer moins couteux et plus pratique, ce qui devrait intéresser les gouvernements. Il est aussi plus facile d’y insérer une dimension francophone, ce qui ajoute une carte au jeu des francophones pour se doter de services.

Qui dit « numérique » dit aussi médias. François Boileau a rappelé que 244 médias locaux ont fermé leurs portes au Canada depuis 2008. Internet sera-t-il la bouée de sauvetage d’une industrie en déroute? Pour l’heure, le commissaire aux services en français a rappelé que les ministères et agences du gouvernement provincial pourraient faire davantage pour aider les médias francophones, notamment en y publiant systématiquement leur communication destinée au public.

Démographie, vieillissement, impact des technologies numériques sur les services des gouvernements et production et diffusion de contenus numériques en français : quatre thèmes qu’autant de panels allaient aborder au cours du symposium et qui seront examinés en détail dans un prochain article du Métropolitain.

 

PHOTO : C’est à l’hôtel Fairmont Royal York, dans le centre-ville de Toronto, que s’est tenu le symposium.