C’est une jolie ballade à travers l’univers de la musique métisse que le Metis Fiddler Quartet a offert au public fourni de l’Alliance française de Toronto en cette soirée du 24 novembre. Dans le cadre d’une semaine consacrée à l’histoire et à la culture métisses, l’Alliance française, en collaboration avec le Conseil métis de Toronto et de la région de York, avait invité ce quatuor formé exclusivement des quatre enfants de la famille Delbaere-Sawchuk.

Alyssa à l’alto, Nicholas au violon, Danton au violoncelle et Conlan à la guitare ont régalé leur auditoire durant une heure de gigues, de berceuses et de chants tirés du répertoire traditionnel métis.

Trois heures plus tôt, le groupe avait fait découvrir la culture métisse à une centaine d’enfants accompagnés de leurs parents. Dans une salle comble et assis au pied de la scène, le jeune public a pu en apprendre au sujet de la traite des fourrures, de la Compagnie de la Baie d’Hudson, du « capot » que portaient les voyageurs et de Louis Riel, le tout entrecoupé de quelques pièces musicales.

Ils ont pu même s’initier à l’art de jouer à l’unisson de la cuiller de bois au plus grand amusement de leurs parents. L’Alliance française souhaitait ainsi établir un pont entre les cours de français donnés aux enfants le samedi après-midi et l’appréciation de la culture francophone.

Mêlés dans leur sang comme dans leur musique, les Métis combinent à la fois la culture canadienne-française, écossaise, irlandaise ainsi que celle des Premières nations. 

Partant d’une chanson traditionnelle comme Au chant de l’alouette, en passant par une berceusevenue de la rivière Mattawa, magnifiquement interprétée par Conlan, poursuivant avec le majestueux morceau Northwest Passage, si bien accentué par le son grave du violoncelle de Danton, pour finir enfin avec le rythme endiablé de La gigue de la rivière Rouge ponctué par les instruments d’Alyssa et de Nicholas, le Metis Fiddler Quartet entraîna son public dans un véritable périple à travers la musique et de la culture métisse.

On imagine alors facilement le rythme soutenu des coups de pagaie des voyageurs en route pour les « pays d’en haut », l’épopée majestueuse à travers le Nord-Ouest et l’ambiance surchauffée créée par le rythme effréné des violoneux dans les chaumières du côté de la colonie de la rivière Rouge au XIXe siècle. Nul doute que Robert Bird, président du Conseil métis de Toronto et de la région de York ainsi que Robert Lackie, vice-président du conseil d’administration du Centre autochtone de Toronto, tous deux présents, apprécièrent ce vaste tableau historique.

Bercés tous les quatre dans la musique dès leur plus tendre enfance et formés par quelques-uns des plus grand maîtres violoneux de notre époque comme Lawrence « Teddy Boy » Houle et James Flett, les jeunes musiciens ont choisi de suivre leur propre héritage et de rester fidèles aux racines traditionnelles de la musique métisse.

Une étroite collaboration avec l’artiste folklorique torontoise Anne Lederman a aussi permis au jeune quatuor de s’affermir dans sa propre sonorité. Leur capacité à très bien s’exprimer en français ajoute encore à leur authenticité en tant qu’artistes métis.

Tous leurs efforts viennent juste d’être récompensés par le Prix du meilleur album traditionnel de l’année au récent gala des Prix de musique folk canadienne le 17 novembre dernier. Une réelle consécration qui va sûrement les encourager à poursuivre leur carrière musicale. Le groupe est d’ailleurs à l’œuvre sur une pièce narrative et musicale qui relate un événement de la Guerre de 1812, morceau qui sera présenté à Fort York en juin prochain.

Pour en savoir plus au sujet du Metis Fiddler Quartet : http://www.metisfiddlerquartet.com/about_FR.html.

Photo : Le Metis Fiddler Quartet, un quatuor formé exclusivement des quatre enfants de la famille Delbaere-Sawchuk.