Dans le hall du cinéma Film.ca d’Oakville, en ce mercredi 21 février, l’affiche de la soirée n’est pas une superproduction hollywoodienne mais bien un étalage de livres colorés, abondamment illustrés, aux titres intrigants : Le petit loup gentil, Le jardin de Matisse, Monsieur Chat… passent de mains en mains. Parents, enseignants et bibliothécaires feuillettent, critiquent, échangent leur point de vue, avant de s’engouffrer dans la salle de projection.

Emmanuelle Rousseau les y attend pour se livrer à une présentation marathon de chacun de ces livres destinés aux enfants de 4 à 14 ans. La conseillère pédagogique a répondu à l’invitation de Il était une fois, unique librairie francophone de la région de Halton, afin de mieux faire connaître la littérature jeunesse.

Au gré des ouvrages, le public découvre le champ des possibilités qu’offrent ses ouvrages dans l’enseignement des sciences, de l’éthique, des mathématiques et le développement de l’expression comme de l’imaginaire. Grâce à certains albums, les élèves de l’élémentaire comme du secondaire peuvent travailler sur des situations d’écriture, les inférences ou encore l’interprétation. Ceux du secondaire, la grammaire, le documentaire.

« La motivation est bien plus grande chez les élèves lorsque l’on sort des manuels scolaires parfois ennuyeux, indique Mme Rousseau. J’essaie de montrer comment et avec quel livre on peut développer des activités en classe sur des points spécifiques, tout en entretenant le goût de la lecture chez les jeunes. Pour cela, il faut trouver des livres à leur pointure. »

Au Canada, 70 000 nouveautés paraissent chaque année – dont 20 % au rayon jeunesse. C’est un marché colossal dans lequel il est compliqué de se repérer pour les parents comme pour les enseignants, d’autant qu’en milieu linguistique minoritaire, trouver un lieu où les découvrir et les consulter est ardu.

La librairie Il était une fois est un support intéressant selon l’intervenante montréalaise : « Des librairies comme celle-là, on n’en trouve pas partout en Ontario. Sans elle, tout passerait par internet et beaucoup de détails pédagogiques échapperaient à la communauté. La librairie permet donc de montrer cette diversité et la richesse de cette littérature francophone.

La conseillère prend en exemple les albums sans texte avec lesquels on peut travailler la lecture, l’écriture et développer des activités en classe, des points spécifiques.

Nathalie Vincke acquiesce. Déjà présente dans les écoles de Halton, la gérante et fondatrice de Il était une Fois, sur la route Lakeshore à Oakville, entend toucher un plus grand public pour le biais de ce type de soirée. « J’ai ouvert la librairie il y a tout juste 15 mois. Avoir mon propre petit magasin est le plus vieux rêve que je réalise, confie cette financière belge immigrée en 2012. En arrivant en Ontario, j’ai été surprise de ne pas trouver de livres en français pour les enfants. C’est comme si toutes les pièces du puzzle étaient réunies pour démarrer cette aventure au bon endroit, au bon moment, avec l’expérience et les fonds nécessaires. »

Reste à relever un défi de taille : se faire connaître. « Toutes les années où il n’y a pas eu d’offre en livres en français, les gens sont passés à d’autres alternatives comme l’achat en ligne. Il faut donc réinstaurer cette habitude : toucher les livres, demander des conseils pour faire des choix avisés », lance celle qui multiplie les initiatives (club de lecture, site internet, abonnements) pour relancer le plaisir de lire.

 

PHOTO: Parents, enseignants, bibliothécaires et quelques enfants en quête de nouveautés littéraires pédagogiques.