Richard Caumartin
La communauté antillaise francophone de Toronto a lancé officiellement, le samedi 8 novembre au Collège Boréal, l’organisme Yékrik’ON – French Caribbean Network, un réseau pour rassembler, soutenir et faire rayonner les Caribéens francophones vivant au Canada, et plus particulièrement en Ontario.
Yékrik’ON est né de la volonté collective de rassembler la communauté antillaise originaire de Guadeloupe, de la Martinique et de Guyane autour d’un projet fédérateur et durable. Dans un contexte où la diaspora francophone originaire des territoires français d’outre-mer ne cesse de croître à Toronto, l’organisme franco-caribéen ambitionne de devenir un véritable point d’ancrage pour ses membres.
Le président fondateur du nouvel organisme sans but lucratif s’appelle Funch Curier. Il a grandi en région parisienne, a vécu en Guadeloupe, à Londres en Angleterre et, depuis cinq ans, à Toronto. Il est agent de projet pour Point ancrage jeunesse, organisme qui accompagne la jeunesse afrodescendante de l’Ontario. Il est aussi entraîneur de basketball à Etobicoke.
« Les Haitiens ne font pas partie de Yékrik’ON parce qu’ils sont déjà nombreux et bien organisés. Alors notre but sera de créer des partenariats avec eux, et de créer des ponts entre les communautés francophones de la région », explique d’entrée de jeu Funch Curier.
Tout a commencé par un match de soccer. « Le 27 juin 2023, se souvient Funch Curier, le Canada affrontait la Guadeloupe lors de la Gold Cup à Toronto. Un peu David contre Goliath puisque la Guadeloupe n’est qu’un petit département français. Je suis allé voir la partie avec mon épouse et j’étais le seul supporteur de la Guadeloupe. Autour de moi, il n’y avait que des maillots rouge et blanc qui supportaient le Canada mais soudainement, de l’autre côté du terrain, j’ai vu quelques drapeaux guadeloupéens qui virevoltaient. À la fin du match, nous sommes allés les rencontrer et nous avons tout de suite connecté. »
Au début, ils étaient une quinzaine de personnes qui ont créé un groupe WhatsApp et aujourd’hui, ils sont 160 ressortissants immigrants d’origines antillaise et guyanaise dans ce groupe qui continue de grandir.
« Au début de l’année, nous avons donc décidé de nous organiser un peu plus pour mieux nous structurer et créer un filet de sécurité, un espace d’échange bienveillant pour les nouveaux arrivants, tout en cultivant la transmission culturelle, la solidarité et le sentiment d’appartenance.
« Nous voulons que notre culture rayonne ici parce que nous nous rendons compte qu’elle n’est pas connue. On connaît beaucoup les Caribéens anglophones mais pour les francophones, personne ne sait ce que nous faisons, quelles sont nos différences, etc. Nous avons envie de partager cela avec cette société multiculturelle du Canada et aussi parce que nous avons beaucoup de choses à offrir également », ajoute M. Curier.
Un cri de ralliment
Le nom Yékrik provient d’une onomatopée que les Caribéens expriment lorsqu’ils veulent rassembler les gens. « Chez nous, on a des conteurs, un peu comme les griots de l’Afrique de l’Ouest. Avant de raconter une histoire, ils vont crier « Yékrik » et la population doit répondre « Yékrak », un geste culturel ancré dans nos traditions. C’est un appel au rassemblement d’origine antillaise », conclut Funch Curier.
Le jour du lancement, une vingtaine de membres du comité fondateur ont présenté l’équipe, dévoilé le logo et annoncé la présence du réseau sur les plateformes Instagram, LinkedIn et Facebook. Les activités de la communauté y seront diffusées au fil des prochains mois, donnant vie à un nouveau carrefour de rencontres et de collaborations.
Avec Yékrik’ON, les Caribéens francophones de l’Ontario veulent inscrire leur voix dans le grand récit de la diversité canadienne, et comme le rappelle Funch Curier avec conviction : « Notre culture a sa place ici. Elle mérite d’être entendue, partagée et célébrée. »
Photo (Crédit : Richard Caumartin) : L’équipe de Yékrik’ON dévoile le logo de l’organisme caribéen.





