Olaïsha Francis
Après plusieurs années passées en tant qu’enseignante de français et confrontée à des deuils personnels, Axelle Caty, fondatrice de l’agence Goodbyes with Grace, a décidé de se réorienter professionnellement.
« Je me suis rendu compte que nous ne sommes pas bien équipés pour aborder la mort. C’est pour cela que j’ai quitté l’enseignement et me suis certifiée dans l’accompagnement des personnes en fin de vie », raconte-t-elle. Ce choix s’inscrit dans un désir profond de donner aux personnes le soutien nécessaire pour mieux vivre la fin de vie, et accompagnées leurs proches.
Contrairement à la plupart des agences qui offrent des consultations en cabinet, Axelle Caty se déplace là où sont ses clients. « Je vais sur place. Là où sont les personnes en fin de vie. C’est là que je les rencontre », explique-t-elle.
Que ce soit dans un hôpital, un hospice ou une maison de retraite, l’approche de Mme Caty est tournée vers une écoute profonde et un accompagnement personnalisé. Elle propose également des consultations en ligne en fonction du besoin.
Dans une société où la jeunesse, la performance et la réussite sont omniprésentes, la mort demeure souvent un tabou. La fondatrice dénonce cette tendance à fuir la réalité de la fin de vie.
« En tant qu’éducatrice, j’ai vraiment été aux premières loges pour me rendre compte des traumatismes qu’il y a au sein des familles quand on ne sait pas parler de la mort, quand les élèves étaient face à moi avec des souffrances non verbalisées, quand les parents ne savaient pas comment parler à leurs enfants ni au personnel enseignant de ce qui se passait chez eux. Il y avait vraiment une très mauvaise communication au sein des familles et avec les enseignants. Je me suis rendu compte qu’on est en déni dans notre société et que tout le monde est en souffrance », souligne-t-elle.
Elle plaide pour une préparation mentale et émotionnelle en fin de vie qui, selon elle, permettrait non seulement de mieux vivre le deuil, mais aussi de mieux profiter de la vie.
« Nous devons commencer à normaliser cette conversation. La mort est un chaos lorsqu’elle survient, mais elle fait partie de la vie. Plus on apprend à accepter la mort, plus on peut vraiment profiter de sa vie et faire des choix qui s’alignent sur le pardon et le respect. Les choses prennent plus de valeur parce que l’on sait qu’elles ne dureront pas toujours », ajoute-t-elle.
Axelle Caty reconnaît que les moments les plus marquants de son parcours de consultante ne sont pas nécessairement ceux où l’accompagnement se déroule dans l’harmonie : « J’ai accompagné une personne très en colère, isolée et remplie de regrets. Ce fut une expérience difficile, mais elle m’a permise de prendre conscience de l’importance de l’accompagnement préventif. Si cette personne avait eu accès à un travail de préparation à l’avance, elle aurait eu la possibilité de laisser quelque chose de précieux derrière elle. »
C’est dans ces situations de grande souffrance que l’accompagnement prend tout son sens, selon Mme Caty : « Même quand les échanges ne sont pas en communion ou apaisants, c’est là qu’on réalise l’ampleur du travail à faire. C’est dans la douleur et dans les situations complexes que l’on trouve les véritables enjeux. »
L’agence Goodbyes with Grace se veut un point de référence pour les personnes et les familles qui cherchent à aborder la fin de vie avec plus de sérénité. Son message est clair : il est possible de mieux vivre la fin de vie et de se préparer à cette transition, sans souffrir du silence et du tabou qui entourent souvent ce sujet.
Axelle Caty souhaite avant tout dire à la communauté : « Vous n’êtes pas seuls. Il existe un soutien et une écoute pour vous accompagner dans ces moments difficiles. »
Dans cette démarche de sensibilisation et de préparation, Axelle Caty collaborera avec Michael Brooke pour organiser The Legacy Expo, qui se tiendra le 1er novembre à Toronto. Présentée pour la première fois en français, l’exposition propose d’ouvrir le dialogue sur l’héritage, non seulement matériel, mais aussi émotionnel, pour ceux qui souhaitent entamer une réflexion plus profonde sur ce qu’ils souhaitent laisser derrière eux.
Photo : Axelle Caty, fondatrice de l’agence Goodbyes with Grace