Justin Trudeau piétinait d’impatience en attendant les premiers réfugiés syriens. « C’est comme le soir de Noël pour moi », a confié le premier ministre au petit groupe de journalistes qui attendaient avec lui.L’avion s’était posé plus de 90 minutes plus tôt. Les 163 réfugiés syriens qui avaient quitté Beyrouth la veille étaient encore entre les mains des fonctionnaires qui leur livraient numéros d’assurance sociale et papiers de résidents permanents.

Lorsque la première famille qui acceptait de rencontrer deux premiers ministres devant des caméras a émergé de la paperasse, M. Trudeau et Kathleen Wynne étaient tout sourire.

« Bienvenue à votre nouveau chez vous », a lancé M. Trudeau au père de famille qui tenait dans ses bras une fillette de 16 mois. Puis, s’approchant de l’enfant: « Et toi, toi tu ne te rappelleras même pas de tout ça », lui a-t-il chuchoté.Le premier ministre a multiplié les risettes pour faire rire Madeleine. L’enfant dans les bras de son père est restée stoïque. C’est tout juste si l’ourson en peluche tendu par Mme Wynne aura réussi à l’intéresser. Ses parents ont essayé et choisi des manteaux d’hiver tendus par les deux premiers ministres qui tenaient à être là pour souligner l’importance pour le Canada de cet accueil massif de réfugiés syriens.

« C’est un moment ce soir dont nous allons tous se souvenir pendant des années à venir », avait déclaré M. Trudeau, plus tôt dans la soirée, dans un discours pour remercier les fonctionnaires et les bénévoles venus passer une bonne partie de la nuit au terminal de l’aéroport Pearson préparé pour l’accueil des réfugiés.

« Ce soir, on a commencé à démontrer c’est quoi les valeurs des Canadiens, a-t-il dit. Et que de comprendre que d’offrir une chance réelle de réussir à des gens qui ont vécu des moments extrêmement difficiles dans les dernières années, de leur offrir à bras ouverts, à coeur ouvert un avenir pour eux certainement et surtout pour leurs enfants et leurs éventuels petits-enfants, c’est vraiment ce qui fait la force de ce pays. »

Vendredi matin, 116 d’entre eux se sont rendus à leur nouvelle adresse à Toronto et dans ses environs. Quatre autres ont pris la direction de Windsor, dans le Sud-Ouest ontarien. Des parrains à Kelowna, en Colombie-Britannique, en accueilleront quatre, alors que trois se sont dirigés vers Coquitlam et un à New Westminster, dans la même province.

Vingt réfugiés syriens ont pris la direction de Calgary, et 15 autres se sont rendus à Edmonton, indiquent des données dévoilées jeudi par le ministère de l’Immigration.

Arrivée des réfugiés à Montréal

Le samedi 12 décembre, en soirée, Montréal a accueilli à son tour un premier contingent de 161 réfugiés syriens. L’avion a atterri à Montréal-Trudeau aux alentours de 20 h 15. Le premier ministre Philippe Couillard était sur place, tout comme le ministre des Affaires municipales et ministre de la Sécurité publique suppléant, Pierre Moreau, la ministre de l’Immigration du Québec, Kathleen Weil, son homologue fédéral John McCallum, le maire de Montréal, Denis Coderre, ainsi que d’autres dignitaires.

Du groupe de réfugiés arrivés à Montréal, 160 doivent être installés au Québec, et un doit prendre la direction de l’Île-du-Prince-Édouard.Le Québec doit accueillir une première vague de 3650 réfugiés syriens d’ici le 31 décembre et une deuxième vague par la suite, jusqu’à la fin de février.

Ces premiers avions affrétés par le gouvernement canadien seront suivi de nombreux autres pour amener, en groupes, la presque totalité des 25 000 réfugiés syriens promis par le gouvernement fédéral d’ici le mois de mars.

Photo: Cent soixante-trois réfugiés syriens sont arrivés à Toronto le jeudi 10 décembre.