Mai, c’est le mois du patrimoine asiatique au Canada. Ce mois de reconnaissance, quand même assez nouveau, est l’occasion pour tous les Canadiens d’en apprendre davantage sur les nombreuses réalisations et contributions des Canadiens d’ascendance asiatique.
Pour Timothy Ng, résident de Toronto, c’est plutôt un moment d’honorer ses héros et ses aînés asiatiques en supportant leur héritage artistique.
Grandissant à la fois en cantonais chez lui et en anglais dans la société canadienne, M. Ng s’est souvent retrouvé face à la traduction redoutée qu’il devait faire sans cesse pour son père durant ses interactions en public.
Il se sentait mal à l’aise de devoir parler sa langue dans la mer anglophone et honteux que son père ne parle pas l’anglais. C’est une tendance chez les minorités langagières d’avoir honte de leur langue.
« Ce n’est que lorsque je suis allé à l’université que j’ai su que ma honte s’était développée suite à un racisme sévère envers les Asiatiques de mon enfance, révèle-t-il. Mes enseignants et d’autres disaient toujours, c’est le Canada, on parle anglais ici. Ou bien, parle anglais ou retourne dans ton pays. »
M. Ng affirme qu’il travaille depuis plusieurs années à retrouver l’appréciation de sa culture publiquement ainsi que le sentiment de sécurité en public pour parler sa langue.
« Si quelqu’un me dit de parler anglais, je lui réplique qu’il devrait apprendre ma langue », rétorque-t-il. Il voit le phénomène « Speak English » comme un moyen de rejeter le travail acharné que ses ancêtres ont mis à construire ce pays.
Depuis, Timothy Ng s’est joint au groupe Facebook Subtle Cantonese Traits. C’est sa façon de vivre et de partager sa fierté asiatique.
« Le groupe recèle de souvenirs d’enfance nostalgiques, de vidéos et de photos rigolotes. En m’entourant d’autres Asiatiques et en partageant nos ressemblances culturelles, je vis ma fierté asiatique sans avoir peur d’afficher cette culture, ma culture », déclare-t-il avec entrain.
Selon lui, la pandémie a vraiment renforci la rhétorique anti-asiatique et anti-Chine. Tout à coup, tous les Asiatiques deviennent des Chinois et sont porteurs infectés du virus. C’est une réponse ancrée dans la peur et l’ignorance, mais M. Ng garde espoir.
Par contre, il a remarqué une augmentation de soutien de la part de la communauté des alliés. Il constate aussi chez ses amis asiatiques une nouvelle flamme. « On veut se faire entendre en ripostant. On est unis. Ça nous énerve et donc, on n’a plus les bras croisés sans rien faire », fait-il valoir.
En hommage au mois du patrimoine asiatique, et plus que jamais, Timothy Ng s’efforce de soutenir les artistes et créateurs asiatiques en achetant leur art et en regardant leur contenu médiatique.
« Et je vais manger beaucoup de bouffe asiatique! Tout est question de nourriture dans la plupart des foyers asiatiques », s’exclame-t-il. Pour lui, il n’y a pas de meilleure façon d’honorer sa culture qu’en savourant ses mets préférés et en appuyant ses restaurants préférés.
SOURCE – Élodie Dorsel
(PHOTO: courtoisie Timothy Ng)