Après le dîner, au cours duquel les convives ont assisté à une conférence de Christiane Bergevin, présidente de Bergevin Capital, sur l’impact du bilinguisme dans le monde des affaires, le symposium s’est poursuivi avec deux autres panels. C’était cette fois l’évolution rapide du monde des communications qui était au programme. Le premier groupe d’experts a abordé la question des technologies numériques dans les relations entre le gouvernement et les citoyens alors que le second s’est penché sur la survie des médias dans un monde où internet prend de plus en plus de place.

 

Numérique

Avant de laisser le micro aux panélistes, Kiran Alwani, analyste au groupe de réflexion Mowat Centre, et Hermann Amon, analyste et chercheur au Commissariat aux services en français, ont offert leur perspective et mis quelques données sur la table. L’incidence des technologies numériques sur les relations entre le gouvernement et les citoyens a été scrutée à la loupe. Que l’on sache, par exemple, qu’une transaction en ligne coûte 13 ¢ au gouvernement alors qu’il en coûte 12 $ au téléphone et 29 $ en personne.

Ed Brown, fondateur et chef de la direction de l’Ontario Telemedicine Network, Elizabeth Bardon, vice-présidente responsable des stratégies et des communications au Centre des sciences de la santé de Kingston, et Hillary Hartley, directrice du numérique et sous-ministre responsable de l’Action pour un gouvernement numérique à Queen’s Park, se sont succédé pour confier leur point de vue.

Les commentaires ont surtout porté sur le domaine de la santé, une des dernières industries en voie d’être automatisées. Le potentiel numérique y est énorme, c’est-à-dire à la mesure du secteur. La technologie permettra aux patients, par exemple, de demeurer dans leur communauté et d’être de véritables partenaires dans la gestion de leurs soins, deux demandes fréquemment rencontrées. En ce qui concerne le gouvernement, le numérique offre la possibilité de mettre le citoyen et les collectivités au centre des efforts pour offrir des services avec lesquels tous se sentiront à l’aise. Par contre, comme les panélistes l’ont expliqué, il n’est pas toujours facile de savoir ce que les gens veulent et ce dont ils ont besoin, entre autres parce qu’il y a un manque de données relatives aux francophones sur ce thème précis.

De gauche à droite : Tasha Kheiriddin (maîtresse de cérémonie), Kiran Alwani, Hermann Amon, Ed Brown, Elizabeth Bardon et Hillary Hartley

 

Médias

Animé par la journaliste Jacqueline Milczarek, le panel sur l’avenir des médias francophones a d’abord permis à Lucie Lalumière, présidente et chef de la direction chez Interactive Ontario, l’association représentant l’industrie des médias numériques interactifs, de dresser le portrait de la situation actuelle. Celui-ci est loin d’être empreint d’optimisme puisque c’est une « crise mondiale », comme l’a décrite Mme Lalumière, qui frappe ce secteur aux prises avec un cercle vicieux s’articulant entre une perte d’audience et une perte de revenus publicitaires.

Quatre experts se sont exprimés sur la question : Sabine Daniel, directrice des acquisitions et de la programmation chez CNV-TV, Mladen Raickovic, responsable des partenariats mondiaux chez Google Canada, Glenn O’Farrell, chef de la direction à Groupe Média TFO, et Simon Laflamme, professeur de sociologie à l’Université Laurentienne.

Une perspective intéressante fut apportée par M. Laflamme qui a expliqué que la prédilection des francophones pour les médias anglophones aux dépens des médias de langue française s’explique en partie par le statut enviable et dominant de la culture majoritaire. De son côté, Mme Daniel a pointé certains problèmes, tels que la faible consommation de médias francophones par des Franco-Ontariens qui ne s’y reconnaissent pas et le manque de rétention des professionnels affectant l’industrie télévisuelle locale.

Se basant sur son expérience à TFO, qui s’est investie avec succès dans l’aventure web depuis 2007, M. O’Farrell a avancé que le modèle de financement ne s’est pas adapté à la réalité numérique et ne génère pas de profits suffisants. Quant à M. Raickovic, il a détaillé comment Google essaie de donner une meilleure visibilité régionale et d’innover en matière de formation professionnelle et de formule de rentabilité pour ses clients.

Lucie Lalumière (au podium) n’a pas mâché ses mots pour décrire la gravité de la situation dans laquelle se trouvent les médias traditionnels.

 

En guise de conclusion à la journée, Me François Baril, du cabinet Gowling WLG, a fait le point sur ce qui a été dit et a convenu que les perspectives ne sont guères réjouissantes. Cependant, il a rappelé que rien n’est inévitable et que des gestes, tel ce symposium, peuvent être posés pour que l’avenir soit plus conforme à ce que désire la communauté franco-ontarienne.

 

PHOTO: Le symposium fut une occasion d’écouter des spécialistes de divers domaines donner leur avis sur ce que vivront les Franco-Ontariens dans 10 ans.